Dans l’atelier de Sara A.Tremblay

Sylvette Babin

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Photos : Sara A.Tremblay
L’atelier de Sara A.Tremblay est à la fois un jardin de fleurs, un potager, un champ d’herbes sauvages, un mur de grange et une maison centenaire à partir desquels l’artiste met en scène de superbes natures mortes photographiques. Des fleurs séchées ou fraichement coupées côtoient des plantes en pot, des tomates et des courges, parfois des tournesols et de nombreuses graminées. Un chien, un chat, une main tenant un bouquet, l’artiste s’affairant au jardin, des photographies abimées et plusieurs autoportraits. Une bâche blanche usée par le temps s’impose en arrière-plan comme le support d’une peinture en devenir ou le journal de bord dans lequel Sara consigne minutieusement différents moments de sa vie, moments que l’on peut découvrir sur sa page Instagram : @_tout_tempeche_.

C’est dans ce jardin virtuel que j’ai découvert le projet Tout t’empêche, amorcé en 2020 pendant que Sara effectuait un changement drastique d’environnement (le passage de la vie urbaine à la vie à la campagne) accompagné d’une longue pause dans sa pratique, parce que tout l’empêchait de créer. « Tout », c’est d’abord la fatigue liée à la pression artistique et sociale, l’obligation de gagner sa vie, le manque de temps et d’espace pour produire, la vie à deux empiétant sur la solitude nécessaire à la création. « Tout », c’est aussi le temps requis pour entretenir le jardin et la maison, la reproduction du cercle vicieux, « tout » l’empêchant d’alimenter Tout t’empêche. La page, relativement sobre (moins d’une centaine de publications contre plusieurs milliers de photos prises de façon impulsive), affiche des actions filmées en direct et des photos faisant état de son quotidien. Chacune des tuiles de l’interface est en quelque sorte une pause dans le temps, ou une respiration, mais aussi une invitation à sortir du cadre photographique pour porter attention aux moments qui précèdent, s’attarder à l’invisible et parfois à l’indicible. Ainsi, en filigrane de chaque scène se dessine le portrait d’une artiste qui embrasse tout ce que la vie propose et tente de tracer une cartographie de ses excès.

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