Laura St. Pierre

L’artiste Laura St. Pierre combine installation, sculpture et photographie afin d’interroger la mise en récit d’une his-toire des végétaux, mémoires vivantes de lieux et d’écosys-tèmes menacés par l’humain. Originaire de Saskatoon et sensible aux feux de forêt qui chaque année transforment la forêt boréale avoisinante, St. Pierre témoigne de la rela-tion désincarnée qu’entretient l’humain avec la nature et des conséquences néfastes des politiques extractivistes sur l’environnement et l’avenir. Spectral Garden, projet photographique mis sur pied par l’artiste au cours de la dernière décennie, met ainsi en exergue une « archéologie du futur ». Constituée de plantes et d’herbes recueillies sur le territoire saskatoonais et immergées dans l’alcool isopropylique de manière à maintenir leur forme et à freiner leur flétrissement, Spectral Garden assure la préservation d’un passé en devenir. Conservés dans des récipients puisés dans le quotidien (pots, bouteilles et bocaux de nourriture), les différents spécimens de plante, sans être rares (du moins pour le moment), sont ensuite photographiés puis agrandis en mode « super résolution » pour finalement être imprimés sur papier velouté. Savamment éclairés par l’artiste en d’intimistes clairs-obscurs évoquant le style caravagesque, les paysages forment d’étranges compositions qui empruntent au genre pictural de la nature morte son esthétique glauque et ses allégories philosophiques. Témoins tacites et résilients du grand drame climatique qui se joue devant et en elle, cette communauté de végétaux ainsi rassemblée et soustraite aux aléas du temps prend les traits d’une espèce de memento mori face à l’avenir incertain de la nature et de l’humain. Sa dernière série photographique, The Sowers (Les semeuses), explore plus spécifiquement cette réciprocité en mettant en scène des jardins urbains prenant les apparences de petites serres insolites. Trônant au milieu d’immeubles abandonnés ou d’une cour bitumée, les installations éphémères de St. Pierre suggèrent une symbiose entre l’artificiel et le naturel, une contamination croisée de l’un et de l’autre. Reprenant l’idée de la domestication des plantes, implicite au jardin, l’artiste propose d’adopter une attitude bienveillante à l’égard du monde végétal. Métaphores de cet engagement incarné pour le soin (care) des plantes, les jardins de St. Pierre font acte de résistance politique, preuve d’une alliance possible et nécessaire entre l’humain et la nature. Laura St. Pierre Boreal 6 (Spectral Garden) / Boréal 6 (Jardin spectral), 2018.Photos : permission de | courtesy of the artist & VivianeArt, Calgary Laura St. Pierre Boreal 1 (Spectral Garden) / Boréal 1 (Jardin spectral), 2016.Photos : permission de | courtesy of the artist &VivianeArt, Calgary Laura St. Pierre Poolside Garden (The Sowers) / Jardin au bord de la piscine (Les semeuses), détail | detail, 2018Photos : permission de | courtesy of the artist & VivianeArt, Calgary Laura St-Pierre Berm near Tracks (The Sowers) / Berme vers la voie ferrée (Les semeuses), 2019. Photos : permission de | courtesy of the artist & VivianeArt, Calgary Laura St. Pierre Hothouse (The Sowers) / Serre (Les semeuses), 2019. Photo : permission de | courtesy of the artist &VivianeArt, Calgary Anne-Marie Dubois, Laura St. Pierre

Laura St. Pierre

Suggestions de lecture

Ianna Book
Trans Avenue

Bianca Bondi

Jean-François Prost et Frank Nobert

Laurent Lamarche