Mihindou_Johnnie Walker
Myriam Mihindou Johnnie Walker, de la série Sculptures de chair, 1999-2000. © Myriam Mihindou / SODRAC (2017)
Photo : permission de l'artiste & Galerie Maïa Muller, Paris

Depuis 25 ans, Myriam Mihindou construit une œuvre singulière et ambivalente, affirmant le rôle thérapeutique de l’art. Le soin est en effet au cœur de sa démarche artistique, comme en témoignent les matériaux organiques qu’elle utilise, symboles de purification et de guérison (paraffine, coton, kaolin, thé, cire…). Ces matériaux servent de vecteurs d’énergie et de tension pour révéler la substance spirituelle et sensorielle du corps. Artiste nomade (elle a vécu en Égypte, à l’Île de la Réunion, au Maroc, au Gabon, en France…), Myriam Mihindou se nourrit de ses rencontres géographiques et culturelles pour éprouver les limites de ses sens et mettre au jour une archéologie poétique du corps. L’artiste sculpte, performe, photographie, filme son corps, catalyseur de mémoires vives, dans des œuvres à fleur de peau. Par un véritable don de soi, elle laisse transparaitre les tensions, les blessures liées à son histoire personnelle, à son expérience du corps racisé et sexualisé. Née en 1964 à Libreville (Gabon) d’une mère française et d’un père gabonais, Myriam Mihindou donne à voir le schisme du corps métis, tiraillé entre le colonisateur et le colonisé, le blanc et le noir, le pur et l’impur, le féminin et le masculin. Mais plus largement, elle s’intéresse à toutes les injonctions faites au corps. Dans une optique de soin et sous une forme ritualisée, elle élabore un puissant langage plastique pour apaiser le corps et l’âme. Par exemple, dans la vidéo La Robe envolée (2008), elle opère la mue tant physique qu’affective du corps entravé de tabous. À travers cette performance aux airs de transe émotionnelle, elle affranchit son corps de femme métisse nomade, domestiqué par l’éducation, les lois, l’histoire et la société. L’artiste thérapeute juxtapose la sculpture, la performance, la vidéo et la photographie pour produire des images inductrices de phénomènes tant physiologiques que psychiques comme la série des Sculptures de chair (1999-2000), à la fois douloureuses et sensuelles.

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Cet article parait également dans le numéro 90 - Féminismes
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