
Photo : permission de l’artiste | courtesy of the artist
Plaisanterie de la mort plate : l’esthétique performativiste de l’empathie chez Julia Martin
Puis, de but en blanc, Martin tire le spectateur de cette contemplation en insérant un échange de courriels à propos de choix esthétiques, déroutants par leur pragmatisme, entre elle et la graveuse de la pierre funéraire de sa grand-mère. L’artiste poursuit, subvertissant encore davantage cette expérience d’empathie déjà problématique en faisant des blagues, en comparant la photo d’un oiseau mort à la représentation de l’oiseau sur la pierre funéraire et en faisant allusion à l’horaire télévisuel des épisodes de MAS*H, de Touched by an Angel et de Walker, Texas Ranger. Ce faisant, elle atténue avec humour la douleur qui infuse le quotidien. Et pourtant, l’humour ne masque pas le traumatisme qu’elle exprime. Martin allie mots et photos pour rendre compte du drame de la perte et de ses répercussions d’une manière qui serait impossible au moyen des mots ou de la photo, pris isolément3 3 - L’utilisation que fait Martin de l’appropriation et de la combinaison image-texte est teintée d’une espèce d’ironie romantique. Jan Verwoert, « Impulse Concept Concept Impulse: Conceptual Art and Its Provocative Potential for the Realisation of the Romantic Idea », dans Jörg Heiser, Susan Hiller, Collier Schorr et Jan Verwoert, Romantischer Konzeptualismus/Romantic Conceptualism, Bielefeld, Kerber Verlag, 2007, p. 169..