Carl Trahan

La nuit est aussi un soleil

Itay Sapir
Galerie Nicolas Robert, Montréal du 10 février au 13 mars 2021
Carl Trahan La nuit est aussi un soleil, Galerie Nicolas Robert, Montréal, 2021.
Photo : Jean-Michael Seminaro, permission de la Galerie Nicolas Robert, Montréal
Galerie Nicolas Robert, Montréal du 10 février au 13 mars 2021
Carl Trahan
Ce qu’il y a d’abîme en nous, 2020.
Photo : Jean-Michael Seminaro, permission de la Galerie Nicolas Robert,Montréal
[In French]

Si, schématiquement, l’art du 20e siècle, surtout dans l’après- guerre, se divise en deux grands courants, l’abstraction d’un côté, une explosion matérielle où serait célébré le visuel « pur », ineffable et intraduisible, et l’art conceptuel de l’autre, intellectuel, cérébral, verbal (voire verbeux), alors les nouvelles œuvres de Carl Trahan ont ceci de particulier qu’elles sont une réflexion conceptuelle où le concept analysé n’est autre que celui de l’abstraction. Plus spécifiquement, c’est à l’intérieur d’un triangle de notions qu’évolue cette exposition ; à l’abstraction se superposent la spiritualité (voire l’occulte ou l’ésotérique) et l’obscurité, cette dernière comprise à la fois comme noirceur, comme opacité (au propre comme au figuré) et comme négation.

Depuis déjà une décennie ou deux, Trahan est une des incarnations les plus réussies au Québec de l’artiste- chercheur, pratiquant ce qu’on appelle aujourd’hui (l’activité elle-même remonte au moins à Léonard de Vinci !) la recherche-création. L’intérêt de l’entreprise se trouve justement dans l’équilibre parfait entre le travail conceptuel acharné qui précède les œuvres, les enveloppe et les étaye, et la force de frappe visuelle des objets concrets exposés. Les œuvres, ayant elles-mêmes souvent une composante textuelle, ont besoin d’un contexte intellectuel, de lectures, de références afin de s’épanouir pleinement. Pour ce faire, les expositions de Trahan sont accompagnées de textes érudits, souvent écrits par l’artiste. Mais contrairement à certaines œuvres d’art conceptuel, celles de Trahan peuvent également nous ensorceler en elles-mêmes, par ce qu’elles sont, par leurs formes, leurs textures, leurs luminosités.

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This article also appears in the issue 102 - (Re)seeing Painting
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