Beyrouth : éternel retour / Beirut: Eternal Recurrence /
بيروت: التكرار الأبديّ
Vue d'exposition, SAW, Ottawa, 2023.
Photo : Ava Margueritte, permission de SAW, Ottawa
SAW, Ottawa
du 15 juillet au 23 septembre 2023
[In French]

L’exposition Beyrouth : éternel retour marque le coup d’envoi d’une série de projets pilotée par le centre d’artistes autogéré SAW présentant des métropoles selon le regard d’artistes contemporain·es. Le choix de Beyrouth comme première ville pour ce cycle de programmation n’est vraisemblablement pas laissé au hasard. Il s’agit en effet d’un exemple éloquent de l’approche sociopolitique d’une région géographique par l’art contemporain. La capitale du Liban et son état d’enlisement dans un cycle récurrent de conflits civils et internationaux sont au centre des préoccupations de plusieurs artistes originaires de ce pays. Ces considérations constituent la pierre angulaire du propos des commissaires Amin Alsaden, Jason St-Laurent et Amar A. Zahr1 1  - Soulignons le souci de représentativité que dénote la composition du trio, issu d’un processus d’invitation lancé par St-Laurent, commissaire de SAW, vers Alsaden, commissaire et chercheur irakien spécialisé en art et architecture du monde arabo-musulman et de ses diasporas. Ce dernier à son tour convie Zahr, commissaire et consultante en art d’origine libanaise, très active sur la scène artistique de Beyrouth, qui a fondé en 2015 la Beirut Art Residency..

La notion philosophique d’« éternel retour » qui unit la sélection des douze artistes de l’exposition est tirée de l’ouvrage Distracted (1991) du penseur libanais Jalal Toufic. Le concept ainsi que l’écriture aphoristique de Toufic semblent inspirer les commissaires à procéder par assemblage de fragments pour demeurer fidèles à la complexité passée et actuelle de Beyrouth ; les perspectives variées des artistes se tissant ensemble avec finesse. Outre les motifs communs de la répétition et de la boucle, l’exposition a la particularité de regrouper uniquement des œuvres vidéographiques. Ce faisant, elle propose une incursion dans les stratégies déployées par les pratiques en art vidéo provenant du Liban pour remettre en cause la prétention de vérité et d’objectivité associée à cette technique ou explorer les potentialités poétiques de la caméra.

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