Carl Marin

There’s plenty of __ in the sea

Julia Roberge Van Der Donckt
AxeNéo7, Gatineau,
du 15 novembre au 22 décembre 2018
Carl MarinThere’s plenty of _ in the sea, détail, AxeNéo7, Gatineau, 2018.
Photo : Justin Wonnacott
AxeNéo7, Gatineau,
du 15 novembre au 22 décembre 2018
[In French]

Les dispositifs du visible de même que les mises en scène animalières occupent, depuis plusieurs années, une place privilégiée dans la production de l’artiste multidisciplinaire américain Carl Marin. Déjà en 2011, le créateur émergent, fils d’un chasseur-taxidermiste, crée Turkey Blind, une installation formée d’un faux décor imitant les modes de présentation des dioramas du musée d’histoire naturelle de New York, un cadre avec lequel l’artiste se déplaçait en forêt pour photographier des dindes sauvages. Le résultat est saisissant. Les oiseaux vaquent à leurs occupations, insouciants, alors qu’ils semblent figés dans un environnement artificiel du point de vue du regardeur. Marin poursuit son exploration d’effets de perspective avec Home Range (2015), œuvre d’art public réalisée pour le Sturgis Playground de Philadelphie. L’œuvre consiste en une clôture sur laquelle des silhouettes de cerfs apparaissent dans deux positions différentes selon l’endroit d’où ils sont observés, effet obtenu au moyen d’une barrière de parallaxe, technique d’animation ancienne qui permet de créer une image composite.

There’s plenty of _ in the sea est une exposition où Marin déploie une stratégie visuelle et narrative similaire, centrant cette fois son attention sur l’univers des amateurs de poissons tropicaux. Dans la salle sont disposés quatre moniteurs dont les polariseurs ont été retirés (ne diffusant donc à priori que du blanc) auxquels répondent huit aquariums d’occasion obtenus par l’entremise du site de vente en ligne Kijiji. Hormis l’ajout d’eau colorée, bleue ou rouge, selon le cas, les bassins ont été laissés intacts : coquillages, châteaux de céramique, algues de plastique et autres accessoires kitchs peuplent ainsi ces microcosmes désormais dénués de vie animale. Si à elles seules ces sculptures suffisent à susciter la curiosité, un examen plus attentif des dispositifs imaginés par l’artiste et observés à travers les aquariums révèle des réalités insoupçonnées. L’on constate que les téléviseurs diffusent les interactions entourant les achats effectués par Marin. Les vidéos documentent en effet les transactions de l’artiste avec les particuliers, résidents de la région de Montréal ou d’Ottawa chez qui il s’est déplacé, séquences captées au moyen d’une caméra cachée. De cette manière Marin nous invite à faire incursion dans leurs espaces de vie. Ces scènes s’offrent à la vue uniquement à travers les aquariums, l’eau bleue révélant une vidéo distincte de celle de teinte rouge. Deux réalités se recouvrent simultanément sur un même moniteur, mondes auxquels il nous est possible d’accéder qu’en se prêtant au jeu auquel nous convie Marin.

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This article also appears in the issue 96 - Conflict
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