Natascha NiederstrassDéconstruction d'une tragédie, vue d'exposition, Galerie trois Points, Montréal, 2014.
photo : Mathieu Proulx, permission de l'artiste
[In French]

Depuis son exposition Final Girl, présentée à Plein sud en 2006, Natascha Niederstrass a démontré un intérêt constant pour les questions de narration en photographie. L’un des enjeux importants de cette production, constituée de prélèvements de photogrammes sur des longs métrages commerciaux, résidait dans le questionnement du récit. En prélevant un photogramme particulier dans la trame de chacun des films choisis, l’artiste figeait l’image sélectionnée, l’éternisait, pourrait-on dire, tout en lui conservant sa force narrative. De fait, la justesse de son choix se mesurait à la capacité du fragment prélevé à engendrer de possibles récits. Niederstrass invitait ainsi les spectateurs à se construire des scénarios leur permettant d’appréhender l’image qu’ils avaient sous les yeux. Cette approche ouvrait un vaste chantier dont ses œuvres récentes, exposées chez Trois Points et Occurrence au cours de l’année 2014, soulignent toute la pertinence.

L’affaire de Camden Town

Avec son projet L’affaire de Camden Town (2011), Niederstrass s’intéresse aux possibilités offertes par le travail de reconstitution. Le projet s’inspire d’œuvres controversées du peintre anglais Walter Sickert (1860-1942), auxquelles l’artiste va prêter vie en les réactualisant sous la forme de tableaux vivants. Les créations picturales du Britannique, qui appartiennent au genre du problem picture (des réalisations extrêmement ambigües quant à leur sens), ont été associées, à diverses reprises, aux meurtres commis à la fin du 19e siècle par Jack l’Éventreur. Réalisés vingt ans après les faits, les dessins et les tableaux de Sickert ont amené quelques personnes à le soupçonner d’avoir eu accès aux scènes des crimes ou même de les avoir perpétrés. Pour Niederstrass, il ne s’agit nullement de rouvrir ce dossier et de reconsidérer l’innocence ou la culpabilité du peintre anglais, mais d’explorer le potentiel narratif des situations peintes.

You must have a valid Digital or Premium subscription to access this content.

Subscribe to Esse or log in now to read the full text!

Subscribe
Log in
This article also appears in the issue 82 - Spectacle
Discover

Suggested Reading