Zheng Bo Weed Party, détail de l’installation
Photo : permission de l’artiste

Vers un art écosophique

Cléo Verstrepen
Dans Les trois écologies, Félix Guattari explique qu’une véritable révolution écologique ne pourra avoir lieu sans un changement de paradigme global, qui ne se limiterait pas seulement à une prise de conscience environnementale, mais concernerait également les sphères du social et de la subjectivité humaine. Il ne s’agirait plus de considérer les problématiques contemporaines séparément, mais de les aborder comme un ensemble, en apprenant à penser de manière transversale, car « non seulement les espèces disparaissent mais [aussi] les mots, les phrases, les gestes de la solidarité humaine1 1 - Félix Guattari, Les trois écologies, Paris, Galilée, 1989, p. 35 », écrit le philosophe. Il regroupe ainsi les trois écologies – environnementale, sociale et mentale – sous le concept d’écosophie, qui permet de caractériser un engagement à la fois pratique et théorique, politique et esthétique.

L’écosophie échappe de la sorte à une approche exclusivement scientifique et embrasse le microscopique et l’intangible : elle ne doit pas « concerner uniquement les rapports de forces visibles à grande échelle mais également des domaines moléculaires de sensibilité, d’intelligence et de désir2 2 - Ibid, p.14. ». Elle indique dès lors des lignes de recomposition des pratiques humaines dans tous les domaines, notamment celui de l’art, en ouvrant la voie à de nouveaux usages éthiques. Étonnamment peu repris depuis la parution des Trois écologies en 1989, le concept d’écosophie tel que le redéfinit Guattari s’avère pourtant très juste pour penser le contemporain. Comment se traduit-il dans l’art actuel ? Si les artistes se sont rarement saisis de cette notion en tant que telle, leurs pratiques ne témoignent-elles pas pourtant d’approches comparables ?

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Cet article parait également dans le numéro 99 - Plantes
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