1- 2- Il ne semble pas exister, il existe plusieurs approches et définitions de la performance comme un état de fait incontournable, presque une sorte de déterminisme de la pratique de la performance. (Se rappeler d’une phrase de Rober Racine : « II y a autant de performances qu’il ya de performeurs ».)

L’important, c’est que les définitions reliées au fait que c’est un art vivant qui se développe dans le temps réel avec une qualité de présence de la part de l’artiste – en elle-même performative – servent de points de départ et d’enjeux à la pratique de la performance.

Pour le reste, ce sont des définitions plus ou moins momentanées, utiles pour une période précise. Ces définitions plus ou moins éphémères servent à formuler des propositions cohérentes et personnalisées pour celles et ceux qui pratiquent la performance et, pour la pratique elle-même, cela permet d’observer « à mesure » l’évolution de la performance, de ses contextes et des auditoires. Donc des définitions plus « dures » afin que la performance conserve une certaine autonomie (ou différence) et puis d’autres définitions plus mouvantes qui redonnent à la performance toutes ses nuances.

Dans cette dynamique «mouvementée» des définitions de la performance, je me définis davantage par les questions dans lesquelles – malgré moi – la pratique de la performance m’entraîne. Le développement de l’attitude performative, l’abandon à l’aléatoire, la révélation de l’essentiel sont des bases de travail que le performatif de cette pratique m’apporte. En plus de ces bases, c’est la nature de chaque performance qui définit MA pratique de cet art de l’instantanéité.

3 – J’ai eu la « piqûre » il y a 22 ans … et la performance est la pratique qui remet en cause ma présence dans un contexte, dans une culture, dans « le » monde. Celle-ci me donne l’opportunité d’être, de penser, de faire, de dire autrement sinon de me taire. La performance ne pardonne pas, elle me place exactement face à mon espace intérieur dans un rapport direct avec l’extérieur. Faire de la performance développe la conscience de choisir dans la pleine urgence du moment présent et d’en vivre les conséquences. L’art de la performance est une forme d’actualisation de la liberté, de se situer, à un moment opportun dans « quelque chose » qui n’est jamais tout à fait ceci ni tout à fait cela, mais qui est indéniablement là. L’attitude performative qualifie ma distance critique, peaufine mon sens de l’humour, disons plus vulgairement me donne de l’astuce en bouteille.

4 – A titre d’exemple de pertinence… présentement on subit une certaine rectitude politique (Le politically correct) et au même moment il y a une effervescence de la performance à Montréal. À combien d’endroits cela se passe t-il ainsi ? Combien de fois cela s’est-il passé ? Et à quels moments cela se produira-t-il à nouveau ?

5 – Si on parle de la performance au Québec, la question des disciplines est moins importante qu’à la fin des années 70 et le début des années 80. Par contre, présentement pour ce qui est du Canada, c’est une autre dynamique ! Lorsque je fais des emprunts à une discipline, c’est plutôt subtil parce que je ne suis pas intéressée à remettre en question une discipline en particulier. L’enjeu est plutôt que ma présence performative prenne le dessus sur les codes « disciplinaires » que j’utilise. Plus la question de l’attitude performative me donne du fil à retordre moins les délimitations des disciplines m’intéressent. La performance n’est pas une discipline mais une pratique.

Sylvie Tourangeau, Sylvie Tourangeau
Cet article parait également dans le numéro 40 - Performance
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