Michael Love Architectural Study #8, de la série | from the series Shadow Architecture, 2018.
Photos : permission de l’artiste | courtesy of the artist

Les stigmates laissés par les vestiges des structures érigées au cours de la Guerre froide (1947-1991), dans plusieurs pays occidentaux, forment la matière première des projets photographiques de Michael Love. Depuis nombre d’années, l’artiste de Vancouver parcourt et photographie des sites parsemés de décombres de la Guerre froide en Albanie, en Allemagne, au Canada, en Crimée, en Ukraine et ailleurs. La déliquescence de bâtiments ou d’emplacements jadis imposants, construits pour se protéger des attaques de l’empire américain ou du bloc soviétique, revêtent un aspect fantomatique et surréel, mais constituent un rappel vivace d’une période historique encore récente. Parfois, les photographies de Love ne dévoilent que les affres du temps ayant transformé ces structures en ruines, mais le regardeur peut constater l’ingéniosité à l’œuvre dans la population qui les côtoie au quotidien et qui a métamorphosé d’anciens bunkers en salon de tatouage ou en palapa sur une plage albanaise de l’Adriatique. Ou encore un abri antiatomique construit secrètement près d’Ottawa, converti en Musée de la Guerre froide et nommé « Diefenbunker ». Ce qui saisit, dans les photos, c’est le doigté, la clarté et la finesse avec lesquels Love conjugue lumière et couleurs pour conférer aux œuvres une certaine poésie non dénuée d’humour, et ce, malgré la paranoïa assumée qui avait présidé à l’édification de ces bâtiments et les thématiques de contrôle et d’agression exprimées clairement dans ces architectures insolites.

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Cet article parait également dans le numéro 96 - Conflits
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