Pablo-Alvarez-Mesa_La-laguna-del-soldado
Pablo Alvarez-MesaLa laguna del soldado, capture vidéo, 2024.
Photo : permission de l’artiste

Nos hydro-communs violents

Gwynne Fulton
Le monde n’est pas un. Comme l’onde elle-même, les mondes sont irréductiblement pluriels. L’idée qu’une réalité unique existe devant nous – un monde à-un-seul-monde – n’est ni universelle ni naturelle ; elle est née, comme le soutient l’anthropologue colombien Arturo Escobar, d’une histoire particulière, dont la conquête de l’Amérique est un jalon révélateur1 1 - Arturo Escobar, « Thinking-feeling with the Earth: Territorial Struggles and the Ontological Dimension of the Epistemologies of the South », Revista de Antropologia Iberoamericana 11, no 1 (janvier-avril 2016), p. 11-32, accessible en ligne..

L’extractivisme de l’eau, sous toutes ses formes, est la suite de cette occupation des territoires par un monde qui s’arroge le droit d’assimiler les réalités locales au nom du « bien commun » que représenterait le progrès. La privatisation de l’eau, les pipelines et les infrastructures gigantesques qui ensevelissent et contaminent les cours d’eau sont le legs toujours vivant de la doctrine coloniale de la terra nullius, qui produit activement de l’espace pour l’expansion d’un monde-à-un-monde en fabriquant l’absence des autres mondes, en les rendant absents.

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Cet article parait également dans le numéro 109 - Eau
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