Caroline-Deodat
Caroline DéodatSous le ciel des fétiches, capture vidéo, 2023.
© Caroline Déodat / ADAGP, Paris / CARCC, Ottawa (2024)
Photo : permission de l’artiste

Le ciel ouvert de la nuit : Sous le ciel des fétiches de Caroline Déodat

Steyn Bergs
Les premières images sont en noir et blanc, sans son. Dans ce qui a toutes les allures d’un complexe touristique, nous voyons – mais n’entendons pas – un groupe de musique se produire devant un petit auditoire. Après un bref plan montrant une scène déserte surveillée par un technicien du son, s’enchainent les images d’un autre type de performance : une séquence d’environ une minute et demie montre cinq personnes exécutant ce qu’un public non averti pourrait interpréter comme un numéro de danse théâtral minutieusement chorégraphié. Trois d’entre elles jouent de toute évidence un rôle de soutien, se déplaçant de manière synchronisée en arrière-plan, tandis que les deux protagonistes (une femme et un homme) semblent se faire la cour et se provoquer mutuellement. Bien que la séquence soit concise – elle débute en pleine action et se termine abruptement –, on remarquera probablement le balancement de hanches des ­danseuses en particulier, accentué et mis en valeur par la façon dont elles agitent leur jupe à volants au rythme de la musique, qui demeure inaudible.

Il s’avère que ces éléments sont caractéristiques du séga, un genre de musique et de danse qui a émergé au 18e siècle sur différentes iles de l’océan Indien occidental et qui est aujourd’hui considéré comme emblématique de l’ile Maurice. S’il était à l’origine principalement pratiqué par les esclaves, le séga, tant la danse que la musique, a fait l’objet d’une valorisation culturelle au cours du 20e siècle. Il est désormais reconnu comme la « danse nationale » de l’ile Maurice et a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2014. Il constitue également une attraction touristique majeure sur l’ile et est présenté dans des hôtels majoritairement fréquentés par des touristes européen·nes depuis les années 1950, époque où l’ile Maurice était encore sous domination coloniale.

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Cet article parait également dans le numéro 111 - Tourisme
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