87_DO03_Zhong_Haeg_Animal Estates
Fritz Haeg Animal Estates Regional Model Homes #1: New York, NY, vue d’installation, 2008 Biennial Exhibition, Whitney Museum of American Art, New York, 2008.
Photo : Sheldan C. Collins

De l’art critique à l’art de réconciliation : cohabiter avec les animaux non humains

Estelle Zhong
Dans Par-delà nature et culture (2006), l’anthropologue Philippe Descola met en évidence l’une des manières dont l’art a contribué à façonner l’idée occidentale de « nature » comme matière inerte, ouvrant ainsi la possibilité de considérer tout le vivant comme un ensemble de ressources à exploiter. S’appuyant sur les réflexions d’Erwin Panofsky, il explique comment la forme symbolique de la perspective linéaire dans la peinture de paysage a participé à l’objectivation d’un dehors, d’une pure extériorité opposée à une intériorité du spectateur, dualité à partir de laquelle le monde est configuré. Ce partage du monde en deux pans distincts (les humains et le reste du vivant), que Descola nomme naturalisme, est aujourd’hui révélé par la crise écologique comme une conception du monde toxique qu’il importe de transformer si nous souhaitons vivre sur une Terre habitable.

Si l’art a collaboré à la formation et à la sédimentation de la conception naturaliste du monde, il a également le pouvoir de la défaire en participant à l’invention de relations viables au vivant. Mais quels chemins emprunter pour substituer au rapport naturaliste des liens plus sains, plus riches, plus intenses avec les non-humains ? Par quelles modalités et sous quelles conditions l’art est-il le plus à même de produire des effets de transformation durables en ce qui concerne nos relations avec les autres êtres vivants et le reste du monde ? C’est dans cette perspective que nous nous pencherons ici sur le travail de l’artiste contemporain étatsunien Fritz Haeg.

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Cet article parait également dans le numéro 87 - Le Vivant
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