1- 2- J’essaie d’éviter les définitions, pourtant, j’en ai besoin, viscéralement. Selon moi, la performance est un vaste horizon d’activités, d’attitudes et d’identités, et la définir d’une façon trop étroite serait l’atrophier en un classicisme présomptueux. Cependant, ne pas définir du tout serait se cacher dans l’obscurité. En tant qu’artiste afro-américain, l’anhistorisme n’est pas un allié.

Mon art est un « art noir », et ce, d’au moins deux façons : en ce que je sais ce que je suis et en ce que je ne peux savoir ce que je suis. Dans les limites de ma définition d’« artiste noir », je définis ma pratique comme étant corporelle. Or, je m’interroge sur les forces extérieures qui déterminent cette pratique ; en ceci, elle est sociale et rattachée à d’autres corps et institutions.

3- Je fais de la performance depuis 1977. Au départ, j’en faisais pour explorer les courts-circuits de la communication. Aujourd’hui, j’en fais pour changer le monde.

4- Elle me permet d’être changé par le monde.

5- Aujourd’hui, la plus grande différence entre le théâtre et la performance tient à leur support institutionnel et à leurs sources de financement respectifs. En ce moment, ce qui est spécifique et cher à la performance – ce qui rend certaines réalisations possibles sur la scène de la performance et non au théâtre – est intimement lié à son manque de financement. Si le mandat de la performance, telle que je la vois, est de changer le monde, alors il est conséquent, politiquement, qu’une nation penchant pour le statu quo ne souhaite pas nécessairement la supporter.

William Pope L., William Pope.L
Cet article parait également dans le numéro 40 - Performance
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