AICAN Faceless Portrait #3, 2019.
Photo : Ahmed Elgammal - AICAN.io

L’art à l’ère de l’intelligence artificielle

Shauna Jean Doherty
L’intelligence artificielle (IA) imite de plus en plus habilement les comportements humains, présage d’une ère potentiellement dystopique introduite par ce que The Art Newspaper a nommé « la révolution de l’IA1 1 - « Aican the AI Artist: Putting the Art in to Artificial Intelligence », The Art Newspaper, 26 décembre 2018, . ». Or, et il s’agit là d’un phénomène digne d’intérêt pour le secteur créatif, il se trouve que l’art s’est ajouté à la liste croissante des talents de l’IA, ce qui suscite toute une série de préoccupations ultracontemporaines qui menacent de déstabiliser bien des principes organisateurs du milieu artistique. À mesure que l’IA développe la capacité de réaliser indépen­damment des œuvres d’art, non seulement par l’appropriation de styles existants, mais également par la création pure, les artistes, galeristes et collectionneurs humains doivent être prêts à se demander si de telles entités peuvent être consi­dérées comme les auteures et propriétaires des œuvres qu’elles génèrent et toucher une rémunération en contrepartie. L’artiste-machine pourrait-il supplanter son prédécesseur humain ?

Au cours des deux dernières années, les œuvres d’art produites par des algorithmes d’apprentissage automatique ont fait leur apparition dans un nombre sans précédent de foires, de galeries et de ventes aux enchères. En 2018, SCOPE Miami Beach présentait une œuvre réalisée par l’Artificial Intelligence Creative Adversarial Network (AICAN), technologie que l’on doit à Ahmed Elgammal, directeur du laboratoire d’art et d’intelligence artificielle de la Rutgers University. On décrit l’AICAN à la fois comme une intelligence artificielle artistique et comme un partenaire de création collaborative. Alimentée par des centaines de milliers d’échantillons prélevés dans l’histoire de l’art des 500 dernières années, cette technologie a été entrainée à livrer des œuvres originales. Celles-ci reprennent des styles issus des canons de l’art occidental tout en faisant place à l’évolution d’une esthétique unique. Elles ont été exposées à l’étranger, notamment dans le cadre de Faceless Portraits Transcending Time, exposition solo tenue très récemment, en 2019, à la HG Contemporary, à New York. Elgammal, qui insiste sur l’indépendance de l’AICAN, tient à ce que le nom de la technologie soit le seul mentionné à l’exposition des œuvres.

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Cet article parait également dans le numéro 97 - Appropriation
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