
Imaginer autre chose : le Collectif des commissaires autochtones sur les possibilités d’expansion du travail collectif
Une réflexion centrée sur la collectivité – en particulier sur la perception des collectifs du domaine des arts qui, en grande partie à cause de leur position marginale, passent souvent pour radicaux – nous permet de critiquer l’idée qu’une structure aurait le pouvoir magique de créer des situations propices à l’action responsable ou révolutionnaire. Demandons-nous, par exemple : où vont les groupes qui fonctionnent déjà dans ce qu’on appelle « la marge » ? Et si l’action radicale se présentait en fait comme un lent travail à long terme, un travail soutenu et soutenable ? Ce travail n’exigerait-il pas des ressources, des titres de fonction et des plans stratégiques ? Le Collectif des commissaires autochtones/The Indigenous Curatorial Collective (ICCA) possède plusieurs des attributs que l’on valorise dans les collectifs : la capacité d’improvisation, d’adaptation et d’innovation, la spontanéité, l’autonomie et l’utilité. Mais au lieu de fonctionner en périphérie comme bien des collectifs, les membres qui ont fondél’ICCA2 2 - L’ICCA a été fondé par Barry Ace, Ahasiw Maskegon-Iskwew, Ron Noganosh, Ryan Rice et Cathy Mattes, <icca.art>. se sont aperçu·e·s dès la première année suivant sa création, en 2005, que leur travail serait plus efficace s’il adoptait la configuration et les caractéristiques d’un centre – c’est devenu un organisme à but non lucratif, fonctionnant par subventions, où les rôles sont formalisés. Le fait d’être un organisme enchâssé dans un collectif signifie que les individus qui y travaillent sont censés assumer la responsabilité implicite de leur redevabilité, d’une part, et travailler en faveur des personnes envers qui elles sont redevables, d’autre part, soit la communauté toujours croissante des travailleuses et des travailleurs du domaine des arts et de la culture autochtones. Afin de soutenir ces travailleurs et travailleuses, les membres du milieu plus vaste des arts et de la culture non autochtones sont invités à se joindre à la communauté de l’ICCA, par exemple en participant au Programme d’adhésion des établissements, à des colloques et à des expositions à l’échelle nationale et internationale et, plus récemment, à des publications.