Chrysanne-Stathacos_1-900MirrorMirror
Chrysanne Stathacos 1-900 Mirror Mirror, 1993-2020, vue d'installation, Cooper Cole, Toronto, 2020.
Photo : permission de l'artiste & Cooper Cole, Toronto

Des cycles mouvementés. Entretien avec Chrysanne Stathacos

Xenia Benivolski
L’artiste Chrysanne Stathacos a commencé sa carrière au milieu de la crise du sida à New York dans les années 1980 et 1990, aux côtés des General Idea, Robert Flack, G. Roger Denson, Amy Lipton et autres qui ont fait partie de cette génération fortement touchée par la maladie. À l’époque, on en savait peu sur le sida et ses effets émotionnels et sociaux. Dans leur pratique individuelle et collective, les artistes se sont tourné·e·s vers des notions comme le soin, la perte, la mort, la divination, la décadence et le monde des esprits. Ces questions spirituelles et sociales sont devenues de plus en plus présentes dans la vie quotidienne. La pratique de Stathacos, comme celle d’un grand nombre d’artistes de son époque, s’appuie sur les mécanismes de survie que la crise a fait émerger. Son œuvre traite de perte et d’émancipation, de maladie et de guérison, de protection, de communication avec le monde des esprits et de méditation sur la vie et la mort. Aujourd’hui, Stathacos s’intéresse particulièrement à la politique du corps. À travers son art, elle porte un regard critique sur une histoire de vulnérabilité et de perte et transforme ce qu’il en reste en compositions poétiques.

Il existe des liens tangibles entre la sorcellerie et la maladie. Depuis la nuit des temps, l’être humain tente de chasser la maladie par des rituels au cours desquels il consulte les esprits et utilise des drogues, des remèdes, des teintures et des herbes. Ces pratiques forment des sphères sociales – sphères évoquant les communautés d’artistes très unies des années 1980 et 1990 qui ont perdu de nombreux membres. La brutale pandémie du sida a permis d’établir des parallèles éloquents entre les pratiques spirituelles et artistiques. En cette heure où nous entrevoyons la fin d’une autre pandémie et assistons à la résurgence de la métaphysique et de l’holisme dans le monde de l’art, l’entretien qui suit propose une réflexion sur la pratique artistique, la sorcellerie et la guérison.

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Cet article parait également dans le numéro 105 - Nouveau nouvel âge
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