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Ragnar Kjartansson The Visitors, captures vidéos, 2012.
Photos : Elísabet Davids, © Ragnar Kjartansson, permission de l'artiste, Luhring Augustine, New York et i8 Gallery, Reykjavik

« De la musique avant toute chose ». Ragnar Kjartansson au MAC

Marie-Ève Charron
Alors que Ragnar Kjartansson était attendu à Montréal pour ses installations envoutantes, l’exposition que lui consacre le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) déstabilise le visiteur en lui faisant découvrir l’œuvre Lumière du monde. La vie et la mort d’un artiste (2015), inspirée du chef-d’œuvre éponyme, de 1934, de l’auteur islandais nobélisé Halldór Laxness.

Moins portée sur les atours de la séduction prêtés aux autres productions de l’artiste, l’installation force la déroute du spectateur avec la projection simultanée de quatre vidéos qui font de l’écoute une véritable épreuve, tant par la cacophonie des bandes sonores que par la durée totale des films frôlant les vingt-et-une heures1 1 - Un résumé du roman en quatre volumes est fourni par le MAC à l’entrée de la salle.. Plus longue à apprivoiser, l’œuvre présente toutefois des aspects caractéristiques du travail de Kjartansson, telle cette référence centrale au roman en quatre volumes dépeignant, avec une part de critique, le triste sort d’un poète épris de beauté, variante de la figure de l’artiste maudit que Kjartansson a par ailleurs revisitée à quelques reprises dans ses œuvres, en l’incarnant parfois lui-même2 2 - Tout un pan de la production de Kjartansson porte sur la figure de l’artiste, comme le résume Laure Fernandez dans « Une fois, encore », Ragnar Kjartansson, Paris, Les presses du réel et le Palais de Tokyo, 2015, p. 22-23.. Dans Lumière du monde, il joue cependant le narrateur qui ponctue de ses commentaires légèrement décalés les scènes tournées dans un studio où sont offerts à la vue autant la représentation que le travail en coulisse (machinistes, clap et orchestre en action). Réalisée sur commande pour l’exposition viennoise The Palace of the Summerland, l’œuvre intègre au plateau de tournage la présence quelque peu incongrue de spectateurs, dévoilant ainsi l’attachement de l’artiste aux performances en direct qui composent presque systématiquement son travail. D’où le souhait, à Montréal, de présenter une performance, rôle qui fut assumé par l’« opéra pictural » Les sonorités explosives de la divinité, qui partage avec Lumière du monde la référence à la tétralogie de Laxness, mais également le fait d’avoir été commandée pour un autre contexte3 3 - La pièce Les sonorités explosives a été créée pour le théâtre Volksbühne à Berlin. À son propos, lire Véronique Hudon dans le webzine de esse, ainsi que mon article paru dans Le Devoir, « L’explosion n’a pas eu lieu. Mais est-ce grave pour autant ? », le 4 mars 2016..

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Cet article parait également dans le numéro 87 - Le Vivant
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