
Photo : permission de Dorset Fine Arts, Toronto
Généalogies autochtones, héritages et ramifications
Les familles révèrent les artisan·e·s et se transmettent comme un trésor les traditions, motifs graphiques, techniques et autres savoirs exclusifs. Par exemple, avant son décès en 2019, Andrea Flowers a enseigné à ses petites-filles Veronica et Vanessa (V&V Crafts) la technique de couture des bottes imperméables en peau de phoque1 1 - « Learning the Disappearing Art of Black-Bottomed Sealskin Boots », Inuit Art Quarterly, 3 novembre 2021, accessible en ligne.. Il existe donc, souvent, une ressemblance visible entre les œuvres d’artistes autochtones établi·e·s présentées au public et les objets produits par des membres de leur famille. Certains styles ou choix esthétiques, certaines techniques de conception ou de narration sont revisités par d’autres générations d’artistes. Je soutiens que cela devrait continuer d’être un appareil de recherche créative, tout comme ce l’a été pour d’autres familles, groupes et partenariats d’artistes non autochtones. Réunir les œuvres d’artistes qui partagent leurs expériences et leurs perspectives familiales relève du simple bon sens. En faisant ressortir les « familles » et la parenté artistiques des Autochtones, on prend à rebours la fissure historique causée par la définition étroite de la famille imposée par le colonialisme et les missionnaires. J’emprunte ici au savoir féministe et aux études généalogiques sur les Autochtones pour cartographier le développement de pratiques familiales et illustrer les forces de la famille en tant qu’outil d’analyse.