Richard-Ibghy-Marilou-Lemmens
Richard Ibghy & Marilou LemmensHerber, désherber, vue d’installation, Fondation Grantham pour l’art et l’environnement, Saint-Edmond-de-Grantham, 2020.
Photo : H&S, permission des artistes

De l’appropriation du territoire à la valorisation des terres agricoles

Noémie Fortin
À l’aube du plus grand chantier législatif touchant le territoire agricole québécois, la valeur et, plus particulièrement, les processus de valorisation des terres arables sont reconsidérés à grande échelle. En effet, à l’été 2023, le gouvernement provincial a entamé une consultation publique visant à moderniser la loi qui protège les terres cultivables et les activités agraires depuis 45 ans. Des voix s’élèvent de part et d’autre de la sphère politique pour se porter à la défense de la vocation agricole du territoire en le décrivant comme une ressource inestimable pour l’autonomie alimentaire des Québécois·es, ou pour faire valoir l’opportunité de développer les parcelles abandonnées ou incultivables. En parallèle avec les agriculteurs, les agricultrices, les politicien·nes, les penseuses et les penseurs mobilisé·es autour de ces enjeux, un nombre grandissant d’artistes s’engagent dans une réflexion collective pour imaginer le paysage agraire de demain.

L’appropriation et la financiarisation des terres, ainsi que les tactiques qui y contribuent, comme le dézonage des parcelles laissées en friche, sont source d’intérêt et d’inspiration pour les artistes dont il est question dans le présent texte. En 2020, Richard Ibghy et Marilou Lemmens ont profité d’une résidence de recherche en milieu rural, à la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement, située en périphérie de Drummondville, pour développer un corpus d’œuvres en lien avec la propriété du territoire agricole. Enraciné dans la région de Victoriaville, le projet Friches (2023) invitait quant à lui à percevoir les friches autrement que comme des lopins impropres à la production agricole. Tout au long de l’été 2023, les trajectoires de
Mériol Lehmann, d’Angela Marsh, de Karine Locatelli et de Sonia Reboul se sont entrecroisées au fil d’interventions in situ et en galerie, dans le cadre de résidences de création et d’une exposition au Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger. Tant les œuvres d’Ibghy & Lemmens que celles qui font partie du projet Friches conjuguent une critique de la dévalorisation des terres agricoles au profit de systèmes financiers et une revalorisation sensible au moyen de gestes artistiques qui accentuent la valeur affective, historique et écologique des terres.

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Cet article parait également dans le numéro 110 - Agriculture
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