POST-INVISIBLES : Femmes et art contemporain, sommes-nous dans une ère post-invisible ?
vendredi 26 aout 2022 à 12h

Photo : permission de l'artiste
vendredi 26 aout 2022 à 12h
[In French] Tout au long de l’histoire de l’art, les femmes1 1 - Inclut toutes les personnes qui se considèrent ainsi, de manière univoque ou partielle, peu importe leur orientation sexuelle ou leur sexe biologique. ont été invisibilisées ; elles étaient tenues à l’extérieur du circuit de la critique tandis que leurs pratiques étaient considérées comme des arts « mineurs ». Bien qu’un important chemin ait été parcouru depuis cette époque, celle-ci a laissé des traces persistantes dans le paysage artistique et culturel. C’est donc avec enthousiasme que POST-INVISIBLES a accepté d’organiser, dans le cadre de la foire Papier, une table ronde visant à discuter, dans un espace privilégié, de diverses questions liées à la place des artistes et professionnelles du milieu actuel de l’art contemporain s’identifiant au genre féminin. Le panel de cette table ronde sera composé de Roxanne Arsenault, directrice de la galerie Patel Brown à Montréal, ainsi que des artistes Caroline Monnet et Maude Arsenault.
Cet échange sera d’abord l’occasion de profiter de l’expertise de Roxanne Arsenault en s’intéressant à la représentation des artistes femmes dans les galeries comme facteur contribuant à l’augmentation de la valeur de leurs œuvres. Nous aborderons également avec cette panéliste aux multiples talents les effets de la cooptation sur le développement de carrière des femmes dans l’univers culturel.
La table ronde sera aussi l’occasion de s’intéresser à la photographie en tant que médium permettant l’empuissancement2 2 - Traduction libre du terme anglais empowerment. des femmes grâce à une réappropriation de leur image diffusée. En effet, nous découvrirons comment la pratique photographique permet aux artistes femmes de choisir et construire leur image sociale, intime et corporelle dans une perspective d’autodétermination grâce à une inversion des codes photographiques telle qu’on l’observe dans la pratique féministe de Maude Arsenault.

S’accrocher, vue d’installation, Projet Casa, Montréal, 2022.
Photo : Mike Patten
De surcroit, nous creuserons les liens entre photographie et autodétermination avec Caroline Monnet, qui à la fin du mois présentera sa série Ikwewak (Femmes) à l’Expo World Press Photo de Montréal, dont elle est porte-parole. Cette artiste d’origine française et anichinabée nous éclairera sur la situation des artistes femmes autochtones, qui, du fait de leur intersectionnalité, rencontrent beaucoup plus de défis et de préjugés que les autres. Pour pouvoir aborder ces enjeux complexes, Monnet souligne qu’il est impératif de traiter également de la situation des femmes autochtones (qui n’ont pas de pratique artistique) et de leurs communautés. Ce faisant, nous nous intéresserons aussi aux processus sociétaux pouvant contribuer à une décolonisation des institutions de l’art et de la mémoire.

The Queen Is Not My Mother, Broderie sur membrane pare-air, 2022.
Photo : permission de l’artiste

The Revolution Will Not Be Colonized, Broderie sur membrane pare-air, 2022.
Photo : permission de l’artiste
La table ronde sera ensuite l’occasion de poser notre regard sur des enjeux récents et ponctuels tels que les effets qu’a eus la pandémie sur la carrière des femmes artistes et des professionnelles du milieu, puisque celles-ci ont été nombreuses à délaisser temporairement leur pratique pour prendre soin de leurs proches. Finalement, dans une volonté constructiviste et positive, il sera intéressant de lancer l’idée de mettre en place une certification qui pourrait être octroyée aux galeries répondant à des critères préétablis liés à la parité et à l’inclusion. Ainsi, dans le cadre de l’édition 2022 de la foire Papier, nous discuterons avec trois femmes dont la pratique professionnelle apporte un éclairage varié et complémentaire sur la situation actuelle des arts visuels, le tout vu de l’intérieur.