Patrick Coutu, L’attraction du paysage

Anne-Marie Dubois
Musée d'art de Joliette
Du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020
Patrick CoutuL'attraction du paysage, vue d'exposition, Musée d'art de Joliette, 2019.
Photo : Paul Litherland
Musée d'art de Joliette
Du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020
[In French]

Dans le cadre de l’exposition L’attraction du paysage, la commissaire Charlotte Lalou Rousseau propose un survol du travail des dix dernières années de Patrick Coutu. Sans prétendre être une rétrospective, l’exposition, qui ne compte au final qu’une dizaine d’œuvres, n’en demeure pas moins un hommage sobre, mais éloquent à la pensée intelligente et hybride de cet artiste multidisciplinaire. Sculpture, dessin, tissage, moulage de plâtre, Coutu interroge le pouvoir d’évocation de la matière à la manière de l’artisan, voire de l’alchimiste, expérimentant dans l’acte répété et minutieux du faire de l’œuvre une maïeutique et une temporalité complètement autre : celles, lentes et méthodiques, de la nature.

Source inépuisable de fascination pour l’artiste depuis ses tout débuts, la nature semble être constamment mise en tension avec les notions de culture et de savoir, lesquelles tentent immanquablement de saisir sa complexité et son langage. Une problématique mise en relief dans la série Récifs 12 et 4 (2015), Coutu y reprenant le motif du jardin de manière à indexer cette interaction fascinée qu’a l’humain à l’égard de cette nature contenue, dominée par la main l’espace de quelques instants. Une nature enfin domestiquée, saisie par le labeur attentionné du jardinier ou ici, de l’artiste. Se jouant de cet esthétisme et puisant dans la théorie du chaos, la dynamique des fluides ou les algorithmes des ancrages épistémologiques et méthodologiques pour mettre en forme ses œuvres, il construit des paysages, lesquels sont savamment architecturés à partir de formes ou de motifs produits et assemblés en série. C’est le cas notamment de Source (2019), une sculpture de verre et d’aluminium spécialement réalisée dans le cadre de cette exposition et installée dans une corniche vitrée du musée. Évoquant la rigueur et le minimalisme des structures géométriques du constructivisme russe, l’installation, comme son nom l’indique, semble jaillir du sol, le bouillonnement apparemment aléatoire de ses jets résultant pourtant d’un savant calcul issu de l’hydrodynamique, l’étude de la mécanique des fluides.

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