J’entends ton chaud murmureà travers la brume froide

Présentée à l’approche du solstice d’hiver, l’exposition J’entends ton chaud murmure à travers la brume froide fait la part belle à l’espace transitionnel qui se (re)crée d’un changement de saison à l’autre. Commissariée par Camille Larivée, elle se veut une exploration formelle, engagée et critique du rapport aux saisons – qui s’exprime différemment d’une communauté autochtone à l’autre –, ici incarné par les corpus de l’artiste inuk Glenn Gear, de l’artiste wendat et abénakise Christine Sioui Wawanoloath et de l’artiste mohawk Carla Hemlock. L’&oelig;uvre Katinngak (Together) (2020), courte vidéo d’animation réalisée par Gear et projetée sur un mur à l’entrée, met en scène des animaux qui bougent de gauche à droite sur un fond de perlage en suivant la cadence de chants de gorge inuits traditionnels. Papvik (Whale tail) (2022), installation du même artiste, comprend 13 tondos aux dimensions variables dont la disposition au mur esquisse la silhouette d’une queue de baleine. Les photos-collages qui composent l’&oelig;uvre mettent en image des photographies d’archives du territoire du Nunatsiavut, où animaux et êtres humains renouvèlent leur interaction au rythme cyclique des saisons. Glenn GearPapvik (Whale tail), 2022, vue d'installation,DRAC, Drummondville, 2022.Photo : Éliane Excoffier, permission de DRAC, Drummondville Dans une volonté d’empouvoirement, Sioui Wawanoloath a le souci de titrer ses &oelig;uvres en abénakis pour faire rayonner sa culture. KIZILLA K’NODAMJI 8ZIDAWAWÔGAN PS8NIWI (Peut-être entendras-tu la réponse dans la neige qui tombe) (2022) est une peinture intime où deux personnages stylisés s’enlacent sous de lourds flocons. L’impression sur tissu aux teintes bleutées PESGAWAN (C’est brumeux) – Danse dans la brume (2022), quant à elle, donne à voir des entités imaginaires qui dansent devant un arbre effeuillé. N’-D-AIB KIK8NEK M8JA PAD8GIIWIK (J’étais dans le champ quand il a commencé à tonner) (2022), se présente au public comme une bannière peinte suspendue au plafond, oscillant au passage des visiteurs et visiteuses. On y découvre un personnage aux grandes oreilles sous un éclair monumental qui déchire le ciel. Les &oelig;uvres de Sioui Wawanoloath, empreintes d’une poésie indéniable, nous proposent de lire la relation entre êtres humains et phénomènes naturels comme un enchevêtrement qui ne peut être défait. Christine Sioui WawanoloathKIZILLA K’NODAMJI 8ZIDAWAWÔGAN PS8NIWI (Peut-être entendras-tu la réponse dans la neige qui tombe), 2022, vue d'installation, DRAC, Drummondville, 2022.Photo : Éliane Excoffier, permission de DRAC, Drummondville Carla HemlockIn the Arms of the Natural World, 2022, vue d’installation,DRAC, Drummondville, 2022.Photo : Éliane Excoffier, permission de DRAC, Drummondville Trois courtepointes matelassées entre lesquelles sont intercalées deux projections vidéos composent In the Arms of the Natural World (2022) de Hemlock. Les courtepointes se veulent une critique de la violence coloniale génocidaire sous-jacente à la logique des pensionnats autochtones du Canada et des États-Unis. L’Ile de la Tortue est entourée d’une farandole d’enfants et on peut lire « Holding You Tight Until You Are Found », référence explicite aux tombes anonymes trouvées en mai 2021. Pour l’artiste, c’est le monde naturel, la terre, les animaux et le passage des saisons qui ont su prendre soin de ces enfants jusqu’à leur découverte. Coréalisées avec son fils, Raohsaha : wi Hemlock, les projections vidéos prennent toutes deux la forme d’un &oelig;il qui nous fait voir des paysages et des animaux, revisités au fil des saisons à travers le regard des artistes, mais aussi celui de ces enfants disparu·es. Currently pursuing a PhD in humanities at Concordia University, Joëlle Dubé is researching the intersectional temporalities of intergenerational (in)justices and contemporary art. Positing relationality at the centre of her theoretical preoccupations, she investigates ways of rearticulating the relationship between the currently living and life-to-come. Carla Hemlock, Christine Sioui, Glenn Gear, Joëlle Dubé

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