Brad Haylock & Megan Patty
Art Writing in Crisis

Kaysie Hawke
Sternberg Press
Londres, 2021, 288 pages.
Art-in-Crisis
Brad Haylock & Megan Patty Art Writing in Crisis, page couverture, 2021.
Photo : permission de Sternberg Press, Londres
Sternberg Press
Londres, 2021, 288 pages.
[In French]

Dirigé par Brad Haylock et Megan Patty, l’ouvrage Art Writing in Crisis propose un aperçu de l’état actuel de la critique d’art (ou, plus justement, de l’écriture sur l’art) et, par extension, des sphères éditoriale et artistique. Comme l’évoque le titre du livre, l’interrogation y est double : quel est le rôle pour la critique d’art en temps de crise(s) et comment résoudre les crises qui lui sont propres ? Indissociables, ces réflexions sont reprises par 28 collaborateurs et collaboratrices qui défrichent de multiples avenues à partir desquelles ausculter le milieu, ses conditions de production et ses enjeux socioculturels, et ce, en parallèle avec les crises sociales et environnementales provoquées par les changements climatiques autant que par la pandémie.

S’ouvrant sur un article de l’écrivain et professeur Justin Clemens quant à la nature tautologique de l’écriture sur l’art et à la difficulté d’en cerner les contours, l’ouvrage évoque d’emblée l’immense variété des textes, des registres et des expériences qui se subsument sous l’appellation « art writing », laquelle pratique relèverait autant de la réécriture que de la relecture. Cette incursion épistémologique se réverbère dans les essais proposés, où il est toujours question de circularité et de dialogue entre artiste, autorat et lectorat. Qu’il s’agisse d’exposer la précarité financière des auteurs et autrices dans un contexte où les opportunités de publication s’amenuisent ou la difficulté, pour les maisons d’édition indépendantes, d’assurer une distribution adéquate – comme le soulignent adroitement le critique d’art Barry Schwabsky ainsi que l’éditrice Anna-Sophie Springer (K. Verlag) et l’éditeur Caleb Waldorf (Triple Canopy) –, on y dépeint l’acte de publication comme un geste politique essentiel. Springer précise l’impératif éthique auquel répond cet acte, lequel requiert l’adoption d’une posture d’écoute et d’apprentissage où se rencontrent de multiples intervenant·es dans le but de contribuer aux débats sociaux comme artistiques. Cet impératif qui imprègne l’ensemble des textes exige la responsabilisation de l’autorat comme des maisons d’édition. Dans le prolongement des mouvements antiracistes et environnementaux récents, la commissaire Kalia Brooks Nelson insiste sur le rôle qu’exerce la critique, tout autant que les pratiques artistiques, dans la déconstruction des récits coloniaux et extractivistes qui ont été et continuent d’être renforcés par les discours sur l’art. L’essai de Nelson trouve également un écho dans les textes de l’éditrice et commissaire Megan Patty et de l’éditeur, commissaire et auteur Maddee Clark. Alors que Patty insiste sur le manque de diversité dans la sélection des personnes qui contribuent aux publications muséales et la responsabilité qui incombe aux musées de confronter et réformer leurs pratiques, Clark s’attarde aux initiatives de décolonisation inachevées et souvent superficielles du monde de l’art auquel participe la critique.

You must be logged in to access this content.

Create your free profile or log in now to read the full text!

My Account
This article also appears in the issue 109 - Water
Discover

Suggested Reading