2062, aller-retour vers le futur

Nathalie Desmet
Gaîté lyrique, Paris,
Du 1er février au 25 mars 2012
Collectif Pleix Vue d’installation, 2062, aller-retour vers le futur, Gaîté lyrique, Paris, 2012.
photo : © Maxime Dufour
[In French]

La Gaîté lyrique, après avoir été l’un des grands lieux parisiens de l’opé-rette, s’est transformé en espace dédié aux cultures numériques. Avec 2062, aller-retour vers le futur, la Gaîté propose de se représenter ce que pourrait être la célébration de son bicentenaire, prévu dans 50 ans. Cette idée plutôt étrange d’autocélébration anticipée est vite oubliée face à l’ensemble des événements et activités proposés pour se projeter dans le futur. 

En ces temps actuels marqués par l’incertitude, les univers futu-ristes relèvent le plus souvent de la dystopie. Le projet repose ici sur un tout autre programme : la création d’une capsule spatio-temporelle qui permettrait, le temps de l’événement, d’imaginer son propre futur. Si plusieurs oeuvres proposent simplement d’envoyer ou de s’envoyer un message à recevoir dans plusieurs décennies, d’autres offrent un imaginaire plus riche. À l’image du lieu, la proposition et les activités sont multiformes. Des projets scientifiques côtoient des projets plus artistiques. Il est ainsi possible de faire très sérieusement l’expérience du premier skate-board à supraconductivité (MagSurf), qui permet de léviter, ou de visiter un module de ferme aquaponique hors-sol (Micro ferme) de Damien Chivialle destiné à assurer une production végétale et animale pour les besoins alimentaires des milieux urbains.

Le collectif Pleix propose un futur allégorique qui oppose la tranquil-lité d’un monde de loisir, coloré, propre et joyeux à l’agitation de la masse humaine. Dans les vidéos Hot Spot&Paradise, les vacances tournent au cauchemar ; par exemple, une route de montagne est occupée par un flux continu et régulier de véhicules à peine séparés de quelques mètres, une nuée noire de pédalos masque la surface des eaux limpides d’un canyon. Dans un autre projet, Family Shades, les pièces pivots d’un apparte-ment (salon, cuisine, chambre) sont présentées en modules séparés, enveloppés dans une gaze blanche. Ces bulles de repos et de sérénité apparentes sont illuminées de l’intérieur par la lumière bleutée produite par les écrans de divers appareils, et laissent entrevoir la soumission à une connexion permanente.

Le futur sera d’abord l’expérience du temps personnel. Les expé-riences proposées par Catherine Contour autour de l’hypnose visent à transformer notre conscience du temps et de l’espace. Le sous-marin de Michel Reilhac offre un jeu en réalité alternée conduisant à une expé-rience du confinement. Les volontaires sont enfermés dans la grande salle de la Gaîté lyrique pendant 48 heures, sans aucune possibilité de communiquer avec l’extérieur. Une immersion totale sans montre ni télé-phone qui devrait faire perdre la notion du temps pour entrer en contact avec un futur synonyme d’un silence absolu et précieux, aujourd’hui très difficile à imaginer. 

Collectif Pleix, Nathalie Desmet
This article also appears in the issue 75 - Living Things
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