La valeur ajoutée des matières résiduelles

Marie-Ève Charron
Faire avec.
Résidence, événement et exposition en art actuel
Avec le centre d’artistes AdMare, Îles de la Madeleine
du 17 juin au 27 juillet 2013
Douglas scholes,
Vestiges, Îles de la Madeleine, 2013.
Photo : Maude Jomphe permission de admare, îles de la madeleine
[In French]
Les îles de la Madeleine ont été le théâtre cet été d’un symposium d’art in situ, neuf ans après le dernier événement du même genre, lui aussi mis sur pied par le centre d’artistes AdMare1 1  - Il s’agissait des Islomanes, en 2004, événement commissarié par Jean-Yves Vigneault et Viviane Paradis. Voir à ce sujet mon texte intitulé « Petite géographie insulaire », esse, no 53 (hiver 2005), p. 64-69.. À l’époque comme aujourd’hui, l’organisation d’un tel événement consistait à redynamiser la scène locale des arts visuels, constamment menacée d’étouffement en raison de l’éloignement de l’archipel et de son relatif isolement. La commissaire montréalaise Véronique Leblanc est venue en quelque sorte abolir cette distance, avec son expertise et des invitations lancées à neuf artistes d’horizons divers, dont deux provenant des Îles.

Aucun des échanges souhaités par l’événement n’aurait eu lieu toutefois sans l’impulsion première donnée par Mayka Thibodeau, designer industrielle pour le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM). Son idée de croiser la sensibilisation à la gestion des matières résiduelles et l’art actuel a fait mouche, dans la formule recadrée par la commissaire qui en a fait son programme, sous le titre Faire avec. Le thème supposait de significatifs rapprochements entre l’art et les matières résiduelles2 2 - Une thématique déjà explorée par esse dans son numéro Déchets (no 64, automne 2008)., interpellant notamment cette pratique locale des patenteux et des artisans qui usent d’objets trouvés. Les résidus sont des matériaux prisés aussi par les artistes motivés à reconsidérer le statut de l’œuvre d’art en regard de la culture matérielle. À partir d’objets ou de déchets, les artistes n’ont de cesse en fait d’exploiter un aspect fondamental de la création : sa capacité à transformer toute chose. Il faut dire qu’aux Îles, plusieurs facteurs (l’éloignement du continent, la fragilité et la petitesse du territoire, la concentration élevée de certains déchets – comme la multitude de coquilles de crustacés – et la surpopulation durant l’été) font de la gestion des déchets une préoccupation majeure. Cette conscience existe depuis longtemps, mais spécialement depuis 2008 alors que, privée d’incinérateur, la municipalité doit exporter ses résidus non compostables aussi loin qu’à Victoriaville. Cela fait d’ailleurs des années que des chercheurs avancent des solutions pour le réemploi, la revalorisation et la transformation des déchets3 3 - Les résultats de ces recherches sont rendus publics sur le site du CERMIM : www.uqar.ca/cermim/publications-scientifiques/. en contexte insulaire.

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This article also appears in the issue 80 - Renovation
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