De ce long parcours, quel avenir se dessine pour les amérindiens dans l’art et la société ? En œuvres et en idées, les faits d’art amérindien décrits dans ce dossier dessinent des trajectoires professionnelles singulières et originales renouvelant la conception de la responsabilité individuelle de l’artiste envers ses communautés d’appartenance.

 On ne peut remettre en doute le constat d’une effervescence réelle de la créativité autochtone d’Ouest en Est, et de plus en plus dans l’axe Nord-Sud et au-delà des océans. Tout reste précaire cependant. Deuxièmement, il faut saluer l’accentuation de ces relais entre les communautés d’appartenance et le nomadisme professionnel dans le champ occidental de l’art. De plus en plus, des institutions culturelles sur les réserves s’affichent par des manifestations et des expositions qui assurent la présence d’artistes œuvrant au changement. Chez les Conseils de bandes, la nécessité de politiques autonomes de soutien à la culture vivante fait son chemin.

Loin d’empêcher la circulation dans les circuits non autochtones de l’art, ces relais potentiels entre les réseaux et les réserves sont à renforcer et explorer. Ils sont porteurs d’une cohérence et d’une crédibilité d’appartenance identitaire réelle – et non pas une appartenance à des communautés d’apparence -, telles qu’on les retrouve dans de nombreux projets artistiques d’« esthétique relationnelle » par exemple. Ainsi un support institutionnel allochtone, ne serait-ce qu’une grande exposition muséale en art non en néo-ethnologie, serait à propos.

En outre, la participation des artistes amérindiens aux nouvelles zones événementielles à des expéditions internationales, à des expositions dans les centres d’artistes et aussi un acquis d’importance. En effet, la création d’événements d’envergure locale, mais aussi internationale, dans le cas de l’art inuit, s’ajoute aux réseaux déjà complices, notamment au Québec. Qui plus est, les nouvelles attitudes solidaires qui lient l’amérindianité et ses luttes avec celles des Aborigènes de la planète ne se séparent plus des enjeux de l’art et de la planète tout entière. Elles appellent à de nécessaires métissages.

Finalement, la consolidation d’un discours amérindien su l’art amérindien et l’art en général, se construit. Retenons l’esprit de collaboration prometteur – et non le ghetto de la spécialisation – pour en finir avec les stéréotypes, l’indifférence et surtout pour en arriver à une meilleure connaissance mutuelle.

La chose est possible si l’on pense comme Corbeau/Coyote/Carcajou, ce qu’énonce si bien l’énigmatique Edward Poitras, que le récent Prix du Gouverneur Général (mars 2002) a salué comme « l’une des voix des plus irrésistibles et des plus éloquentes à émerger du riche bassin créatif que constitue l’art contemporain canadien (et) dont le travail exploratoire démontre une solide et profonde connaissance de son héritage autochtone (1) » : sortir de la Resign/nation, c’est-à-dire s’ inscrire dans le XXIe siècle hors des réserves entretenues, de la folklorisation figeante et de l’ethnocide d’exclusion.


Les ruses magiques de Corneille/Coyote/Carcajou

Au Québec et au Canada en 1999-2002, le tourbillon de l’art amérindien s’infiltre dans plusieurs lieux et événements. Sans être exhaustif, ce tableau confirme son effervescence et sa diversité.

De quelques manifestations d’art amérindien contemporain au Canada, 1999-2002

Côte Nord-Ouest du Pacifique

Raven’s Reprise, UBC Anthropology Museum (Colombie-Britannique), hiver/printemps 2000

Through my father’s eyes. Kawgiult Art. Richard Hunt, Art Gallery of Greater Victoria (Victoria, Colombie-Britannique), printemps-été 2000

Prairies

Prototype for a new Understanding #1-8, Sherwood Village Branch, Dunlop Art Gallery (Edmondon, Alberta), été-automne 2000

I.Witness, The Edmondon Art Gallery (Alberta), décembre 2000-janvier 2001

Terres Boisées du Nord-Est (Ontario)

Kâxlâya ‘ Gui’lâs : Heiltsuk Art and Culture, Royal, (Toronto, Ontario) printemps 2000-printemps 2001

It Takes Time, Ron Noganosh, Woodland Cultural Centre (Six Nations Reserve- Mokawk -, Ontario), hiver 2001

The Shamanic Experience, Jane Ash Poitras, Mira Godard Gallery (Toronto, Ontario), mai 2001

Capitale Nationale (Ottawa)

Reservation X, commissaire Gerald McMaster, Musée canadien des civilisations (Hull, Québec), 1999

Dans l’ombre de la lumière, commissaire Jeff Thomas, Musée canadien des civilisations (Hull, Québec), 2000

Urban Myths/Mythes Urbains. Artistes amérindiens dans la cité, Galerie Karsh-Masson (Ottawa, Ontario), été 2000

La Chaîne d’Alliances, Sylvie Paré, Centre d’Art Indien (Hull, Québec), août 2000

Nadya Myre, Centre d’Art Indien (Hull, Québec) automne 2000

Blast, Laurie Blondeau, Galerie 101 /Saw Gallery (Ottawa, Ontario), automne 2001

Terres boisées entourant la Vallée du Saint-Laurent (Québec)

Je te sens concerné, Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?, Sonia Robertson, Maison de la culture Frontenac (Montréal), hiver 2000

Resign/nation, Edward Poitras, Le Lieu, Centre en art actuel (Québec), hiver 2000

Le secret le mieux gardé de Montréal. Le roi d’Hochelaga, Ondinnok (Montréal), janvier 2000

Le perlage iroquois. À la croisée des chemins, Musée McCord (Montréal), été 1999-hiver 2000, Musée canadien des civilisations (Hull), printemps 2001

Cedar People: ancestors living among us, Squamish art, Bishop University Art Gallery (Lennoxville), hiver 2000

Girl Guides and Boy Scouts, Rosalie Favel et Arthur Renwick, Galerie B-312 (Montréal), printemps 2000

Le Conseil, Sylvie Paré, Maison de la culture Tsa8enhohi (Wendake), juin 2000

Iwouskea et Tawiskaron, Festival de théâtre des Amériques (Montréal), 2000

Murale, Raymond Dupuis, Salle de réunion du Conseil de bande de la nation des Malécites de Viger (Cacouna), été 2000

Expédition Des Indiens d’Amérique au pays des Ainus du Japon, Multi Media Art and Communication Festival – MMAC (Tokyo), Aizu College performance Festival (Aizu-Mishima), septembre 2000

Kahnesatake X, Any Time, Robert Houle, 2e Biennale de Montréal, Centre International d’art contemporain de Montréal (Montréal), automne 2000

La Macaza, Sonia Robertson, résidences in situ (La Macaza), automne 2000 Groupe Territoire Culturel, Domingo Cisneros et Antoinette de Robien (Saint-Michel-des-Saints)

WWW.CyberPowWow.net, Nation to Nation, Montreal, Ottawa, Brandon, Banff, Surrey, San Francisco, avril 2001

Coming to light : Edward S. Curtis and the North American lndians, film de Anne Make Peace, Festival des Films sur l’Art (Québec), printemps 2001

Co/our Zone, Lawrence Paul Yuxweluptun, Centre Saydie Bronfman (Montréal), printemps 2001

Copper/Thunderbird, Cabaret Culturel, 3e Rencontre nationale des théâtres autochtones au Canada, Ondinnok, Festival du Théâtre des Amériques, Kanien’kehaka Onkwawéen :na Raotitiohkwa de Kahnawake, Theatre Toronto, Playwrights’Workshop de Montréal, École Nationale de théâtre du Canada, au Kateri Hall de la communauté Mohawk/Kanien’kehaka (Montréal, Kahnawake),juin 2001

Des mâts totémiques pour la paix, Jardin Botanique de Montréal, commissaire Virginia Pésémapéo Bordeleau (Montréal), été 2001

Transitions 2, L’art contemporain des Indiens et des Inuits du Canada, conservateur Barry Potter et Ryan Rice, une exposition des centres d’art indien et inuit du ministère des Affaires indiennes et du Nord Canadien, présentée par Terre en Vues dans le cadre du Festival Présence Autochtone, édifice Belgo local 418 (Montréal), été 2001

La Grande Paix de Montréal, 1701-2001, Musée de la Pointe à Callières, Jardin Botanique de Montréal (Montréal), août 2001

Culture matérielle. Objets de création. « Murmure du passé, écho du présent », Musée amérindien de Mashteuiatsh (Mashteuiatsh, Pointe-Bleue), été 2001

Jardin de papillon sous un pylône, Mike MacDonald, symposium Cime et Racines 2, Parc La Gabelle (Mauricie), août 2001

Parc Sacré, Sonia Robertson, Luc Lévesque, Yves Girard (Mastheuiatsh), septembre 2001

Le Retour de l’Ours/Tortue, collectif amérindien (Sylvie Paré, Josée et Sonia Robertson, Yves et Guy Sioui Durand), dans le cadre de l’événement Espaces émergents (Montréal), 2001

Dialogue entre elle et moi à propos de l’Esprit des animaux, Sonia Robertson, Skol (Monréal), janvier 2002

Côte Est Atlantique

Homeboys: Alex Janvier and Alan Sylidoy, commissaire Jim Logan, Nova Scotia Art Gallery (Halifax, Nouvelle-Écosse), 2001

Edward Poitras, Guy Sioui Durand
Cet article parait également dans le numéro 45 - Amérindie
Découvrir

Suggestions de lecture