Ouvrages

Granche/Atelier/Ville

Catherine Barnabé
Occurrence, Montréal
du 14 avril au 10 juin 2023

Galerie de l’Université de Montréal
du 12 mai au 12 aout 2023
Pierre-Granche
Granche/Atelier/Ville
Vue d’exposition, Galerie de l’Université de Montréal, 2023.
Photo : Guy L’Heureux, permission du Fonds Pierre Granche & de la Collection d’œuvres d’art de l’Université de Montréal
Occurrence, Montréal
du 14 avril au 10 juin 2023

Galerie de l’Université de Montréal
du 12 mai au 12 aout 2023
Avec Ouvrages et Granche/Atelier/Ville, Laurent Vernet, commissaire indépendant et directeur de la Galerie de l’Université de Montréal, propose deux expositions présentées simultanément autour de l’art et de l’architecture. Une rare occasion qui nous permet d’examiner la manière dont une pensée commissariale peut s’articuler dans des contextes et selon des paramètres différents. En raison de leur thématique partagée, des parallèles se dressent inévitablement entre les expositions : l’influence mutuelle entre les disciplines et la présence du corps dans l’expérience de l’œuvre y sont mises de l’avant. Les enjeux sur lesquels le commissaire souhaite se pencher disposent de l’espace – physique et conceptuel – nécessaire pour se déployer, rebondir et se répondre.

À Occurrence, les sept artistes participent à la construction d’une réflexion sur l’environnement bâti. La mise en espace de l’exposition exploite le thème d’une manière où, sans métamorphoser le lieu comme c’est parfois le cas lorsque des œuvres empruntent au langage architectural, les travaux habitent plutôt l’espace en créant un parcours dialogique. Le commissaire a encouragé les échanges avec et entre les artistes de manière à façonner une proposition réellement collective qui engendre chez le public une expérience inédite à la fois de l’espace et des pratiques. Ainsi, les œuvres s’accueillent : sur l’installation multifonctionnelle d’Alexandre David reposent des textes théoriques réunis par Adrian Blackwell ; la structure érigée par Stéphane Gilot reçoit les vidéos de Sabrina Ratté ; l’œuvre murale in situ de Josée Dubeau entoure le dispositif dynamique de Jacques Bilodeau ; les œuvres de Tiffany Shaw se font l’écho des autres architectures fabriquées et représentées en galerie. Cette mise en relation des projets est astucieusement fertile. D’abord, elle crée ces dialogues matériels entre les œuvres, puis elle participe à une conversation qui s’articule dans les espaces de circulation du lieu. C’est-à-dire que tout au long du parcours, le commissaire propose une déambulation, qui peut être passive ou active, mais qui engage toujours le corps dans une expérience physique des œuvres, que ce soit en raison des structures accueillantes ou de la diversité des échelles. Qui plus est, la disposition des projets génère parfois leur propre réflexion théorique. Par exemple, les écrits de Blackwell, qui portent notamment sur la notion d’espace public, sont déposés à même la structure de bois brut de David sur laquelle on peut s’assoir ou monter. De cette façon, l’installation supporte en quelque sorte un discours qui lui est propre. Ou encore, la rencontre entre le pavillon de l’Exposition de Liège (1930) reproduit par Gilot et les vidéos de Ratté qui explorent le travail du groupe d’architectes italiens d’avant-garde Superstudio (années 1960) génère un discours transhistorique autour de technologies matérielles et de concepts urbanistiques qui s’intéressaient à des avenirs prometteurs, voire utopiques. Puis, seules sur leur mur, les maisons et les images qui reprennent et situent des lieux importants pour Shaw reflètent d’une certaine manière les autres propositions avec l’utilisation d’outils architecturaux : la représentation, le lieu, la carte, la maquette. Le chevauchement des œuvres nous fait également prendre conscience des espaces qui nous entourent. Dans la petite pièce de la galerie, l’immense disparité esthétique entre les dispositifs – les fils à peine perceptibles de Dubeau et la structure de caoutchouc noire de Bilodeau – contribue à créer une expérience phénoménologique de l’espace. L’organisation des lignes au mur crée un plan en perspective tout comme elle nous enveloppe subtilement. L’installation massive au centre de la pièce, qui n’a d’autres fonctions que de se resserrer sur un corps, permet d’examiner le comportement des visiteurs et visiteuses.

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Cet article parait également dans le numéro 110 - Agriculture
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