Maude Arès
L’algue flotte dans une rivière,amenée par le débit de l’eau,elle s’agrippe à la pierre, elle y reste longtemps
Boris Dumesnil-Poulin
Le nuage de l’inconnaissance/
The Cloud of Unknowing

Jaha Koo
Cuckoo

Julie-Michèle Morin
Maude Arès & Simon Labbé L’algue flotte dans une rivière, amenée par le débit de l'eau, elle s’agrippe à la pierre, elle y reste longtemps, performance, OFFTA - festival d’arts vivants, Galerie de l’UQAM, Montréal, 2019.
Photos : Manoushka Larouche, permission des artistes
Maude Arès & Simon Labbé
L’algue flotte dans une rivière, amenée par le débit de l’eau, elle s’agrippe à la pierre, elle y reste longtemps, performance, OFFTA – festival d’arts
vivants, Galerie de l’UQAM, Montréal, 2019.
Photos : Manoushka Larouche, permission des artistes
Trois œuvres performatives présentées lors de la dernière édition des festivals FTA et OFFTA se sont interrogées sur les relations qui unissent le vivant et le non-vivant. Guidés par un désir de déhiérarchiser les rapports de pouvoir entre formes de vie et artéfacts, les artistes Maude Arès, Boris Dumesnil-Poulin et Jaha Koo ont su illustrer les réseaux et les structures invisibles qui animent les interactions entre humains et non-humains. La présence de multiples agents non vivants dans ces propositions et le statut privilégié qui leur est accordé les transforment en véritables embrayeurs de fiction. Ceux-ci accèdent à une vie scénique – par le discours émis autour de leur présence ou encore le rôle actif qu’ils jouent dans les représentations – et revitalisent notre imaginaire des objets, de l’inanimé et de l’invisible. Les artistes ont su interroger la matière et ainsi proposer au public de s’éveiller à de nouvelles configurations relationnelles.

Maude Arès présentait dans le cadre de l’OFFTA l’aboutissement de ses recherches menées au second cycle en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Son œuvre intitulée L’algue flotte dans une rivière, amenée par le débit de l’eau, elle s’agrippe à la pierre, elle y reste longtemps prend la forme d’une vaste installation d’objets (pierres, fils, poudre, tiges, microdébris, minéraux, etc.) collectionnés au fil du temps. Ceux-ci sont posés sur une table artisanale et regroupés de manière à former des séries d’agencements formels. À des moments précis, l’artiste active son installation en interagissant avec les matériaux, tandis que Simon Labbé capte et retransmet dans l’espace les bruits produits par le déplacement des objets. Arès se saisit de ce qu’elle nomme des « outils mystères » (objets variés à la fois longilignes et frêles) pour déplacer ces structures précaires. L’objectif est de réaliser, en coperformance avec les objets, des parcours aléatoires : une pierre doit gravir un bout de bois incliné, sur lequel une très petite quantité de poudre est ensuite déposée. Par les gestes minutieux de l’artiste, les matériaux s’additionnent, se plient, se déplient, se divisent, s’accumulent, s’érodent et opèrent des translations sur la surface plane. Les outils de fortune d’Arès n’assurent pas de prise solide sur les objets ; les manipulations s’avèrent longues et ardues. Sans relâche, elle accomplit chacune des tâches avec patience et entêtement, afin de mettre en scène des microcosmes d’une fragilité surprenante. L’ensemble crée des tensions dramatiques où la patience de tous les actants (artistes et public) permet d’aborder avec bienveillance la précarité de ces univers miniatures et d’apprécier l’horizontalité des échanges entre vivant et non-vivant.

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Cet article parait également dans le numéro 97 - Appropriation
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