La Triennale québécoise 2011
Le travail qui nous attend

Dominique Allard
Montréal, Musée d’art contemporain de Montréal, 2010-2011, 500 p.
L’audacieux projet de publication accompagnant l’édition 2011 de la Triennale québécoise au MACM témoigne bien de l’ampleur du travail et des ramifications sémantiques que peut évoquer l’intitulé Le travail qui nous attend. Proposé en tant que « laboratoire de recherche » tout comme l’avait été la publication se rapportant à la première édition de la Triennale, ce projet de publication s’en distingue pourtant, se voulant « un projet autonome en soi ». Comptant 500 pages, l’ouvrage regroupe les textes des commissaires, ceux d’auteurs invités à réfléchir sur les enjeux actuels en art au Québec, de la documentation visuelle accompagnant des biographies d’artistes, un glossaire répertoriant 30 termes ou expressions courantes en art contemporain, une bibliographie thématique et une liste d’artistes québécois « représentatifs des différentes approches et des pratiques artistiques qui se sont développées au cours des dix dernières années ». (p. 19)

Un double objectif aura guidé l’écriture de cet ouvrage : d’une part, retracer le travail des artistes présentés dans le cadre de la Triennale, et d’autre part, produire un ouvrage de référence, un outil didactique servant à faire le point sur les pratiques actuelles. D’ailleurs, la pertinence du glossaire tient avant tout au supplément d’information qu’il apporte à la compréhension des textes et à l’analyse des œuvres ; dans la première partie de l’ouvrage, les textes des commissaires proposent une lecture des œuvres et de l’exposition liée à l’idée directrice « du travail qui attend » et à leur intérêt propre. Or, l’idée directrice reste, lors d’un tel événement, nécessairement perméable, ouverte, voire inachevée, afin de conserver la libre circulation de la pensée et de mettre en lumière les déclinaisons qu’entraîne l’hétérogénéité des œuvres, des médiums, des approches et des idées. L’efficacité du glossaire permet ainsi d’orienter la lecture et d’observer les associations proposées entre les différentes pratiques.

Deux grands axes sont explorés : un tournant matériel dans l’art contemporain et un intérêt particulier pour la performativité. À partir de ces deux thèmes, on aborde ensuite les propositions d’un réinvestissement de l’espace, d’un retour critique sur l’histoire et la modernité, d’une nouvelle vivacité de l’art d’intervention, et d’un intérêt marqué pour le son. Un des points forts de cette publication est le dialogue qui s’établit entre les textes des commissaires et ceux des auteurs invités, Johanne Sloan, Patrice Loubier, Eduardo Ralickas et Bernard Schütze, qui contextualisent dans une perspective historique, généalogique et philosophique diverses stratégies artistiques débordant du cadre de la Triennale. Cette rencontre témoigne de la valorisation d’un travail collaboratif. Ainsi, les membres du comité de rédaction de esse auront formé, avec l’équipe du musée, le comité scientifique de l’ouvrage – rappelant bien à quel point Le travail qui nous attend doit avant tout être appréhendé comme celui de toute une communauté.

Dominique Allard
Cet article parait également dans le numéro 74 - Savoir-faire
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