Dans l’atelier de Hugo Bergeron

Anne-Marie Dubois

Montréal—Baie-Johan-Beetz. 1185 kilomètres. 13 heures 36 minutes pas de trafic.

Mon bureau dans mon appartement du quartier Villeray. Ton atelier de la rue Tanguay à BJB (c’est comme ça que vous l’appelez, entre vous et d’un air entendu, votre petit hameau de 85 âmes, non ?). Deux mondes. Peut-être que chez toi, je n’aurais pas besoin de mes bouchons d’oreilles pour parvenir à me concentrer en ce moment, coupée du vacarme lancinant de la ville qui bourdonne ? Et peut-être que chez moi, toi, debout près de tes pots de peinture scellés et de tes toiles blanches, tu n’aurais pas à mettre ta musique aussi fort, à narguer à coup de décibels le silence qui accompagne ton quotidien ? Je nous connais. Du moins un peu, je pense. Si je soupire devant mon clavier, agacée par les craquements incessants du plafond sous les pas de ma voisine, c’est que je ne veux pas dépasser le deadline pour la remise de ce texte. Et je sais aussi que si tu ne cesses de t’égosiller et que tu replaces tes lunettes sur ton nez pour la millième fois, c’est que l’inspiration ne viendra peut-être pas avant que tu ne doives partir planter ton ail ou commencer ton shift à la coopérative du village. As-tu eu le temps de rénover ta shed pour y mettre ton bois de chauffage, finalement ? L’hiver s’en vient vite, et vous l’espérez froid, vous autres, à BJB. « Il faut que les lacs et les rivières gèlent, que la neige s’accumule pour que les gens circulent… vers le nord ! »

Je procrastine.

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