Rochelle Goldberg, Cannibal Actif, pages intérieures, Sequence Press/Totem, New York, 2017. Photo : Stephen Faught, permission de l'artiste & Sequence Press, New York

Cannibal Actif: Le livre d’artiste comme seuil de rencontres matérielles

Joëlle Dubé
María Castañeda-Delgado
Deux pieds se posent sur le rebord d’une baignoire après avoir trempé dans une huile noire. L’encre de couleur sombre contraste avec les rehauts cuivrés et chatoyants. Ces pieds sont ceux d’un baigneur à Bakou, en Azerbaïdjan, où les bains de pétrole brut – riche en naphtalène – sont réputés avoir des propriétés curatives. Sur la page de gauche figurent des lettres à peine discernables : «Mais déprivilégier notre chair de bipède. Le tabou du cannibalisme fait obstacle au partenariat entre espèces. Comme si nous n’étions pas, nous aussi, consommés. Comme si nous-mêmes ne consommions pas autrui. Déni. Pleurs. Même les cannibales prennent l’eau.» Soudainement, je me rends compte que l’huile de mes doigts a laissé une tache sur l’image cuivrée.

Cocréé par l’artiste Rochelle Goldberg et les éditrices Frances Perkins et Katherine Pickard, Cannibal Actif propose une réflexion complexe sur le thème de la matérialité. Ce livre d’artiste accompagnait une exposition présentée à la Miguel Abreu Gallery (New York) en 2017 portant sur l’œuvre de Goldberg, qui se compose en grande partie de sculptures et d’installations présentées comme des « intra-actions » – des seuils – qui sondent la matérialité des espaces flous où se croisent le vivant et le non-vivant.

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Cet article parait également dans le numéro 101 - Nouveaux Matérialismes
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