
Remonter l’image, descendre le temps. La reconstitution comme savoir chez Klaus Scherübel
La première de ces manifestations est connue sous le nom de Seconde Exposition automatiste ; regroupant les œuvres de six membres du groupe, elle s’est tenue rue Sherbrooke, à Montréal, du 15 février au 1er mars 1947 chez la mère des frères Claude et Pierre Gauvreau1 1 - Marie-Josée Jean, « Créer à rebours vers l’exposition : le cas de la seconde exposition des automatistes », Montréal, VOX, centre de l’image contemporaine, 2019, s. p.. La seconde vue d’exposition reconstituée par Scherübel est un cliché des œuvres de Jean-Paul Mousseau et de Jean-Paul Riopelle présentées chez la comédienne Muriel Guilbault la même année. Au terme de la transposition qu’il en a effectuée, ces photos donnent lieu à des installations apparemment fidèles, mais rendues subtilement énigmatiques en raison des écarts qui les en distancient pourtant. La reconstitution de la première est au premier regard fort réaliste, rappelant le genre muséographique du diorama par la vitrine derrière laquelle elle se trouve. La seconde consiste en une scénographie à l’ambiance plus théâtrale, baignant dans une pénombre où les tableaux captés par Perron, accrochés au grillage métallique couvrant les murs du logis de Guilbault, sont rendus par de simples panneaux de bois lisse qui semblent flotter dans cette semi-obscurité comme des présences fantomatiques.