Victoria Lomasko et le langage graphique de l’empathie

Annie Gérin
Notre échec est celui de l’imagination, de l’empathie : nous n’avons pas réussi à garder cette réalité présente à l’esprit.— Susan Sontag

En 2014, l’artiste russe Victoria Lomasko se rend à Bichkek, la capitale du Kirghizstan. Elle trace des esquisses de couples en train de danser dans le seul club gai de ce pays, qui ne reconnait pas sa minorité LGBTQI. Elle dessine de jeunes militantes en train d’organiser, avec le soutien du Fonds des jeunes féministes FRIDA, le premier concours de manastchi1 1 - Les manastchi sont les conteurs qui prennent pour sujet l’épopée de Manas, chef-d’œuvre de la littérature orale kirghize. pour conteuses. Elle échange avec des membres de la communauté Donggang, un groupe minoritaire défavorisé d’origine chinoise qui vit en territoire kirghize. L’année suivante, Lomasko visite Erevan, en Arménie. Elle passe du temps avec des jeunes désœuvrés, des ainés, des réfugiés syriens, des femmes liées au commerce sexuel, des prisonniers, des activistes qui luttent pour protéger leur quartier de la démolition. En 2016 et 2017, elle se rend en Géorgie et au Daguestan. Là encore, elle va à la rencontre de gens qui vivent dans la marge : des squatteurs, des membres de minorités ethniques, des artistes, des défenseurs de la liberté d’expression. Et toujours elle dessine ceux qui se confient à elle, traçant avec empathie leur portrait sur le motif, transcrivant leurs témoignages directement sur les pages blanches de son carnet.

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Cet article parait également dans le numéro 95 - Empathie
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