
Photo : Paul Litherland, permission de l’artiste
Vers une esthétique antispéciste
Il s’agit de l’un des huit animaux empaillés de la série Fatigues (2014)1 1 - Le terme fatigues désigne en anglais une tenue de camouflage., préalablement dispersés par l’artiste torontois Abbas Akhavan de manière discrète à travers le Musée d’art contemporain de Montréal. Aucun éclairage n’est prévu pour eux, ni même de cartel, si bien que certains passent totalement inaperçus parmi les visiteurs. Toutes issues de la forêt boréale, les espèces sélectionnées par l’artiste sont reconnues pour leur cohabitation difficile avec l’humain. C’est précisément au contact de celui-ci que les individus exposés ont trouvé leur funeste destin : le renard roux et le porc-épic ont été heurtés par des automobilistes, les oiseaux sont entrés en collision avec des bâtiments, tandis que le cerf a été victime d’un chasseur. Akhavan leur confère pour ainsi dire une seconde vie au moyen de cette mise en scène. Disposés dans des poses naturelles, ils apparaissent suspendus entre le sommeil et la mort. Troublante, la présence de ces intrus – qui évoluent en parallèle de l’exposition plus qu’ils n’en font réellement partie – invite au recueillement tout en provoquant parfois la répulsion.