Carolyn-Lazard_PainScale
Carolyn LazardPain Scale, vue d'installation, Icebox project Space, Philadelphie, 2019.
Photo : permission de l'artiste & Maxwell Graham/Essex Street, New York

Pain Scale : Carolyn Lazard et l’incommensurabilité de la douleur noire

Rouzbeh Shadpey
Je peux faire voir la douleur, comme je fais voir le rouge, et comme je montre le droit et le courbe, la pierre et l’arbre. — C’est cela justement que nous appelons « faire voir ». Ludwig Wittgenstein
Recherches philosophiques

Comment pouvons-nous – nous qui vivons avec une douleur chronique – sauvegarder notre douleur quand nous créons et travaillons ? Quand l’œuvre de notre vie porte sur la douleur et ses moyens infinis de décréer le corps par lequel elle existe ? C’est la question que nous nous posons en tant que patient·e·s et poètes, à la fois sujets et objets de nos corps, de leur travail d’analyse – cette mesure d’un mal continu révélé dans l’évaluation et par elle, calculé avec tant de soin et pourtant jamais soulagé par les soins. C’est la question que nous devons nous poser quand l’œuvre qui supporte notre être est exposée aux confins d’une institution artistique dont les efforts pour nous invalider sont aussi increvables que notre épuisement à les subir, à nous subir – notre douleur. L’exposition d’art et le bureau du médecin : c’est la même chose, quand les deux servent à scruter la douleur, c’est-à-dire à la déconstruire. C’est ce que nous faisons voir dans cette opération de déballage que, complices, nous appelons « exposition », et à laquelle se livre Carolyn Lazard depuis la parution en 2013 de son essai viscéral « How to Be a Person in the Age of Autoimmunity1 1 - Carolyn Lazard, « How to be a Person in the Age of Autoimmunity », Cluster Mag (janvier 2013), actuellement disponible en ligne, en format PDF, par l’entremise du programme du symposium How We Do Illness, Triple Canopy (septembre 2018), accessible en ligne. ». J’ai découvert le travail de Lazard dans un moment de délitement corporel semblable à celui qu’iel raconte dans « How to Be a Person », moment qui est devenu une vie, vie qui porte parfois le nom de douleur.

Cet article est réservé aux visiteur·euses avec un abonnement Numérique ou Premium valide.

Abonnez-vous ou connectez-vous à Esse pour lire la rubrique complète !

S’abonner
Se connecter
Cet article parait également dans le numéro 106 - Douleur
Découvrir

Suggestions de lecture