
Occulte indécidable et correspondances en art actuel
Cependant, au-delà du flou constitutif ambiant, un second constat s’impose : rappelant le contexte contemporain de croyance faible dans lequel l’occulte est souvent pratiqué de manière dilettante bien plus que fervente, plusieurs artistes nous laissent effectivement dans le doute quant à leurs intentions, inscrivant ainsi au cœur de l’œuvre une relation en suspens entre le croire et le non-croire. L’artiste Véronique Béland – dont l’œuvre As We Are Blind (2016) consiste en un capteur d’aura qui traduit les informations électrodermales des spectatrices et spectateurs en portraits auratiques, de même qu’en partitions musicales transmises en direct à un piano mécanique – croit-elle aux auras ? Benoît Pype – dont l’œuvre Chutes libres (2013) se présente sous la forme de petites gouttes de métal en fusion plongées dans l’eau, ce qui permet, selon la pratique de la molybdomancie, de lire l’avenir – croit-il à la divination ? Ces questions sans réponses perturbent par leur seule présence un monde de l’art plus habitué à la distance critique par rapport à la croyance, objet d’étude toujours considéré comme confus et dérangeant. Comment percevoir cette présence occulte dans un contexte où, bien que la théorie de la sécularisation soit largement remise en cause, la croyance, apanage de l’occulte, demeure chose épineuse ?