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« La multitude ? Quelle multitude ? » s’est demandé Frédéric Lordon dans Imperium, un livre dont le titre renvoyait directement à l’Empire de Michael Hardt et Antonio Negri : « La multitude comme concept philosophique dit génériquement le réservoir de puissance du monde social, et l’on pourrait même dire le réservoir de puissance qu’est le monde social. […] La pire erreur consiste alors à prendre la multitude philosophique comme un objet réellement existant. […] Car, sociologiquement parlant, la multitude, au singulier, ça n’existe pas. » Dans sa Grammaire de la multitude, Paolo Virno avait insisté quant à lui sur le fait que « la multitude ne se débarrasse pas de l’Un, c’est-à-dire de l’Universel » – à charge pour cet universel d’entrer en « exode », par la « force centrifuge » inhérente à la multitude, par rapport à toute « raison d’État ».