Hyewon-Keum-R23-Cloud-Shadow-Spirits-2013
Hyewon KeumR23, 2013, de la série Cloud Shadow Spirit, 2013-2014. Photo : permission de l’artiste

La famille multiespèce

Deirdre Madeleine Smith
« La plupart des gens l’ignorent, mais il y a un boum d’animaux domestiques », déclare John « Cal » Harberts, le gentil et pragmatique propriétaire du Bubbling Well Pet Memorial Park à Napa, en Californie, dans le documentaire Gates of Heaven (1978) d’Errol Morris1 1 - Errol Morris (réal.), Gates of Heaven/Vernon, Florida, Two Films by Errol Morris [DVD], The Criterion Collection, 2015 [1978 et 1981], 138 min. [Trad. libre]. « Et cela est dû au nouveau modèle de vie familiale qui a émergé au cours des 10 à 15 dernières années », ajoute-t-il. Après avoir affirmé que « la pilule » et l’entrée des femmes dans le marché du travail poussent les jeunes couples à retarder le moment d’avoir des enfants, Harberts avance : « C’est bien du point de vue de la planification, mais on ne peut pas faire fi de la nature. Quand une jeune mère rentre à la maison, elle a besoin de quelque chose à caresser, à materner, à aimer. Alors, elle a un animal de compagnie. »

Le commentaire de Harberts, avec son sexisme et son spécisme bienveillants, est un indicateur du changement qu’on voyait s’opérer dans la vie familiale aux États-Unis – changement qui, espérait-il, assurerait la viabilité de son entreprise. Comme le montre de manière plus générale le documentaire de Morris, le cimetière pour animaux est un bon point de départ pour réfléchir à l’apport des animaux de compagnie dans les structures humanisées de la parentalité et du lien conjugal aux 20e et 21e siècles.

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Cet article parait également dans le numéro 107 - Famille
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