Lorenza BöttnerRequiem for the Norm, vue d’installation, Art Museum at the University of Toronto, 2020.
Photo : Toni Hafkenscheid, permission de l’Art Museum at the University of Toronto
Présentée pour la première fois sur le continent nord-américain, l’exposition Lorenza Böttner: Requiem for the Norm, de l’artiste germano-chilienne Lorenza Böttner (née en 1959 à Punta Arenas et décédée en 1994 à Munich), a de quoi réjouir les visiteurs de l’Art Museum at the University of Toronto1 1  - L’exposition Lorenza Böttner: Requiem for the Norm devait être présentée du 25 janvier au 21 mars 2020. Fermée temporairement en raison du confinement, elle a été prolongée du 7 mai au 8 juin 2020.. Usant de sa bouche et de ses pieds pour réaliser ses oeuvres, Böttner est une artiste multidisciplinaire trans et handicapée dont le travail avait jusqu’à maintenant été invisibilisé dans l’histoire de l’art. Enfin mise en lumière par le commissaire, philosophe, écrivain et militant trans Paul B. Preciado, sa pratique fait ici l’objet d’une rétrospective de ses 16 ans de carrière et inclut ses photographies, ses peintures et ses vidéos. Son travail est en soi une contestation radicale des normes attribuées aux identités de genre, mais aussi du capacitisme accolé aux personnes appartenant à la diversité fonctionnelle. Böttner remet en question les relations de pouvoir qui se traduisent par nos relations différenciées vis-à-vis des corps et souligne la prééminence accordée à la fabrication par les mains dans la construction narrative de l’histoire de l’art.

Une partie de l’exposition présente les premières années de sa vie atypique. Né de sexe masculin, le jeune garçon subit, à l’âge de huit ans, une décharge électrique sévère qui entrainera l’amputation de ses membres supérieurs, puis un long processus d’hospitalisation. Il refusera ensuite l’usage de prothèses de réhabilitation. Cette expérience intime des souffrances physiques suivie du rejet social dû à son handicap aura un impact important sur le jeune enfant, qui ne peut même pas envisager la possibilité de devenir artiste. En dépit des contraintes, il réussit à entrer, en 1978, à l’École d’art et de design de la Gesamthochschule Kassel et c’est dans ce nouveau milieu qu’il assumera son identité féminine sous le nom de Lorenza.

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Cet article parait également dans le numéro 100 - Futurité
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