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Dorothée Smith Série Löyly, 2009.
Photo : © Dorothée Smith, permission de la Galerie les Filles du Calvaire, Paris

L’iconographie queer de Dorothée Smith : Löyly et Sub Limis

Anne-Marie Dubois
À l’aune de la pensée queer et de l’effritement de la bicatégorisation du genre, notre compréhension de l’identité ne peut se faire sans invoquer les notions de multiplicité, d’hybridité, de performativité. 

Copie d’une copie qui « ne renvoie à aucun original1 1 - Judith Butler, Trouble dans le genre, Paris, La Découverte, 2005, p. 261. », l’identité se fait matriochka. À dire vrai, il serait plus juste de pluraliser le terme en lui-même et d’invoquer les identités pour rendre compte de la teneur rhizomique et éphémère de la « désontologisation » postmoderne du sujet. Plus que jamais se manifeste la volonté de déconstruire l’idée d’un sujet cartésien défini et prédéterminé en proposant des identités « stratégiques », c’est-à-dire fondées sur l’affirmation de subjectivités sporadiques permettant de réfléchir les identités comme de nature politique et non plus essentialiste. De ce fait, ces identités investissent des socialités ou des citoyennetés conjoncturelles et contextuelles qui correspondent à des exigences spécifiques : le « je substantif2 2 - Ibid., p. 270. » n’est plus à la base des revendications politiques, ce sont plutôt les revendications politiques en elles-mêmes qui sont à la base des identités. À l’instar du concept de « technologie du genre » chez Teresa de Lauretis3 3 - Teresa de Lauretis, « La technologie du genre », Théorie queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg, Paris, La Dispute/Snédit, 2007, p. 37-94. – pour qui le genre, au même titre que le sexe chez Foucault, serait une technologie issue du tissu social, donc sans substrat ontologique –, les identités se font elles-mêmes technologiques. Elles deviennent des outils de résistance aux régimes disciplinaires et les particularismes de la multitude queer4 4 - J’emprunte la formulation à Beatriz Preciado : « Multitudes Queer. Notes pour une politique des “anormaux” », Multitudes, no 12 (2003), p. 22., des stratégies pour en fragiliser l’hégémonie.

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Cet article parait également dans le numéro 85 - Prendre position
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