Nous posons qu'il est temps pour nous, les autres – le public de l'art, la masse des (non-) consommateurs et acquéreurs – d'admettre notre silence et le caractère convenu de nos arguments concernant l'importance de l'art. Quelles sont, à part le capital, les forces capables de motiver et de rendre incontournable notre relation avec les œuvres ? Nous avons le devoir de nous rappeler pourquoi l'art est nécessaire, ontologiquement, éthiquement et politiquement si l'on entend contrer le mouvement qui nous porte à délaisser les œuvres d'art pour aller vers les objets d'art. Pourquoi sommes-nous encouragés à oublier que l'art œuvre, qu'il travaille sur les plans esthétique et épistémique à défigurer et à abimer tout ce qui se présente comme étant « naturel » ou « donné » ? Pour nous, c'est là l'aspect essentiel de la vitalité de l'art : la création de mondes partagés, ouverts, immanents. C'est l'art entendu comme un évènement, et non comme une marchandise.[Traduit de l'anglais par Sophie Chisogne]