Maura Reilly
Curatorial Activism: Towards an Ethics of Curating
2018, 240 pages, 107 illustrations

2018, 240 pages, 107 illustrations

La Géographie, ça sert d’abord à faire la guerre, 1989, p. 107.
Photo : permission de l’artiste, New York
[In French]
Depuis longtemps experte dans l’art d’utiliser les statistiques pour mettre au jour et dénoncer les inégalités de genre dans les lieux d’exposition contemporains, la critique et commissaire d’exposition Maura Reilly propose avec cet ouvrage de faire le bilan de ce qu’elle désigne en sous-titre comme « une éthique du commissariat ». Considérant que, malgré des progrès récents, l’égalité entre les artistes est loin d’être atteinte, l’autrice développe au fil du livre une démarche militante dans laquelle « compter est, après tout, une stratégie féministe » (p. 225). Elle y dénonce les institutions inégalitaires, mais, surtout, elle célèbre les expositions et les commissaires qui luttent contre les discriminations. C’est en effet par l’exemple que Maura Reilly entend ici fonctionner, en décrivant 25 expositions qui s’éloignent de la logique générale : celle de la reproduction de la domination qu’incarne l’artiste masculin blanc, hétérosexuel.
La démonstration se décline en trois chapitres principaux où sont reprises de manière explicite les trois plus importantes inégalités qui, selon l’autrice, sous-tendent les expositions contemporaines. « Resisting Masculinism and Sexism » aborde ainsi la représentation des femmes et les questions que pose le féminisme au monde de l’art. Ensuite, « Tackling White Privilege and Western-Centrism » adopte une grille d’analyse postcoloniale pour observer la sous-représentation des artistes non blancs ou non occidentaux. « Challenging Heterocentrism and Lesbo-Homophobia » s’intéresse enfin à la présence des artistes homosexuel.le.s dans la programmation des grandes institutions artistiques. L’autrice consacre quelques pages à chaque exposition pour la décrire de manière rigoureuse, presque systématique. Reilly souligne aussi régulièrement les intentions des commissaires et la réception des expositions. Même si elle entend « célébrer » les expositions et les commissaires « contrehégémoniques » (p. 215 et 23), l’autrice évoque parfois les critiques militantes qui ont pu être formulées à l’encontre de certaines expositions ; on comprend alors que l’intention de Maura Reilly n’est pas tant de construire un panthéon des meilleures expositions que de donner à réfléchir, à travers des études de cas précises, sur les moyens mobilisables de parvenir à l’égalité entre les artistes.
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