[In French]

Depuis l’apparition du terme « performance » au début des années 1970, le polymorphisme ainsi que la carrière ambiguë de la performance créent aujourd’hui une incertitude notionnelle quant à la réelle teneur sémantique de l’appellation même du genre. Je ne peux donc qu’exprimer « sous réserve » mon adhésion à cette mouvance.

Néanmoins, parce qu’originairement synonyme d’accomplissement, d’interprétation et d’acte, cette appellation garde pour moi une valeur, celle de renvoi à la notion « espace-temps en devenir ».

En ce sens, la performance est une pratique subjective de l’expérience spatio-temporelle dont les règles, les formes a priori, ainsi que les enjeux cognitifs et sémiotiques ne peuvent être définis qu’ultérieurement. Pratiquer veut dire éprouver l’état actif de tensions fondatrices au cours duquel se joue la promotion de l’être vers l’apparaître. Ceci concerne la réalité intérieure – conscience, mémoire – , ainsi que la réalité extérieure – l’autre, la nature. Le spectre exhaustif des facettes de l’existence réelle avec les rayonnements sensibles et infraliminaux du monde de la nature ainsi que l’actualité de la conscience et de la mémoire demeurent comme un établissement théorique initial et préalable à cette pratique. C’est une affaire de stratégie dans la perception, et d’attitude selon laquelle la perception même ferait partie du monde en devenir.

C’est un recommencement incessant de re-création du monde à l’image d’une tentative de réchauffement depuis l’intérieur d’un bloc de glace opaque dont les parois extérieures se dissipent dans l’obscurité de l’insondable.

Jozef Bury, Jozef Bury
This article also appears in the issue 40 - Performance
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