La question de la langue au Québec

Johanne Chagnon

[In French]

Comme vous l'avez sans doute remarqué, Esse a épaissi quelque peu...
Nous poursuivons notre politique éditoriale de présenter des dossiers sur le contexte politique et social des événements artistiques au Québec. 

Pour ce numéro, au lieu de proposer un thème à des collaborateur-trice-s, nous avons réuni autour d’une même table certains intervenant-e-s afin de mener une petite «enquête». Le sujet de cette enquête soulève la question brûlante de la langue au Québec et des relations francophones/anglophones dans le milieu des arts visuels. Nous étions curieux de connaître l’opinion des francophones ou du moins de certains d’entre eux formant un éventail représentatif d’intervenant-e-s impliqué-e-s dans le milieu. Nous trouvons important de reposer la question de la langue toujours d’actualité parce qu’elle n’est pas souvent soulevée à l’intérieur du champ artistique.

La table ronde ne s’est pas déroulée sans heurts. Elle a suscité bien des discussions au sein de notre équipe. Nous espérons qu’elle en suscitera d’autres autour de vous.

Il est possible de dégager plusieurs éléments de réflexion des propos échangés lors de cette table ronde. Par exemple, il semble que de prendre position au niveau politique soit compromettant pour plusieurs. Le fait de travailler dans le milieu amènerait presqu’inévitablement à vivre des relations francophones/ anglophones et à adopter des attitudes plus flexibles pour fonctionner au quotidien. Il ressort aussi de la discussion que les intervenant-e-s invité-e-s préfèrent aborder la question de la langue en termes de sensibilité. L’ouverture à l’autre avec qui on cherche à partager sa propre sensibilité est la stratégie favorisée. Tout en reconnaissant la pertinence d’une telle approche, nous restons un peu inquiets : sans un support législatif assez fort, l’action individuelle est-elle suffisante ? A vous d’en tirer vos propres réflexions, réflexions que nous vous invitons à nous faire connaître. Nous inaugurons en effet dans ce numéro une chronique «Opinion». Ouvre le bal un texte de Serge Lemoyne qui, à sa manière «cri du coeur», repose la question… des relations francophones/anglophones à propos du sort réservé à la rétrospective Borduas.

Mais il y a aussi plein d’autres articles dans ce numéro, qui soulèvent d’une façon ou d’une autre les mêmes problématiques. L’importance de plus en plus grande du texte en arts visuels est soulevée dans deux articles : «L’art de la reonstitution historique» et «A quoi aura servi la Muraille de Chine ?» (qui dit texte ne dit-il pas… langue !). La question de l’intervention individuelle quotidienne est soulevée dans l’article «A propos de l'”artisanat” dans l’art actuel» alors que le texte «3 Sculptures» parle d’un travail artistique réalisé à partir de la récupération d’un matériau accessible. La question nationale vs. internationale est abordée à propos de l’art espagnole contemporain dans «Un vent hispanique à Montréal». Cet article fournit des réflexions appliquables à l’expérience québécoise. Les commentaires proposés dans «Ah ! L’été !» au sujet d’une exposition «officielle» récente resoulève les enjeux de l’art québécois actuel. La recherche d’un public élargi à partir d’une expérience dirigée par les artistes eux-mêmes est à la base du commentaire exprimé dans «Exposer chez soi : un appel au public»

La nouvelle chronique «Document» propose deux articles qui témoignent d’une recherche historique. L’un souligne un aspect peu connu de l’histoire de l’architecture québécoise, l’autre soulève la question de la réception publique de l’oeuvre d’art à partir d’un exemple controversé. Il fait toujours bon de recevoir du courrier. Ainsi, remercions-nous Jean Lauzon qui nous a écrit pour nous faire part de ses commentaires sur les Actes su colloque La photographie et l’art contemporain publiés par Esse.

Luis Neves présente une nouvelle B.D qui deviendra peut-être une saga… Il nous replonge dans les années 60, ces années de revendication…apparemment toujours actuelles.
Sûrement trouverez-vous dans tout cela matière à réflexion…

Johanne Chagnon
This article also appears in the issue 11 - La langue au Québec
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