
Emprunter les images à la guerre
Cette idée selon laquelle les artistes seraient influencés par les images de guerre diffusées sur les écrans des téléviseurs résonne encore dans les pratiques artistiques contemporaines, et ce, malgré la multiplication des sources médiatiques. Or, si la façon de produire ou de récupérer ces images s’est modifiée au fil du temps et au gré des nouvelles plateformes de diffusion de l’information, c’est dans la manière de les agencer, de les cadrer et de les interpréter que les artistes se distinguent des capteurs d’images – journalistes, caméramans, photographes – sur le terrain. Et si la production et la diffusion d’images en temps de guerre influençaient corrélativement les supports utilisés par les artistes qui traitent de ces guerres ? Le positionnement des artistes contemporains qui ont recours aux mêmes matériaux visuels que les différents canaux de transmission de l’information pour traiter des guerres est ancré dans une approche critique des modes de production et de diffusion de l’image, quoique avec une perspective analytique et critique des formes documentaires. Ces artistes se positionnent comme fabricants d’images au même titre que les journalistes, mais c’est au niveau de la mise en récit visuelle que leurs fonctions diffèrent. En adoptant des stratégies telles que la reconstitution, l’utilisation de documents d’archives ou la mise en image de récits collectifs – stratégies qui permettent de saisir l’impact des conflits et leurs conséquences –, les artistes occupent un terrain complémentaire à celui des journalistes.