Collectes, inventaires et autres obsessions

Sylvette Babin
Depuis que les artistes ont voulu rapprocher l’art de la vie quotidienne et ont fait du « banal » un matériau important de leur pratique, la collection – qui fait partie des habitudes de nombreux individus – a fréquemment été transformée en geste d’art. Ainsi, collectes d’objets sans valeur, de traces diverses ou même de concepts sont devenues la matière première d’abondantes productions artistiques dans lesquelles l’observation et la dissection du réel, l’inventaire et l’archivage prennent une place prépondérante. Pour plusieurs artistes, il ne s’agit pas d’un projet parmi tant d'autres : la mise en scène du quotidien et de la vie privée n’a pas perdu de son attrait avec les années, mais affiche au contraire un regain de vitalité, notamment depuis l’avènement des nouvelles technologies et des médias sociaux. On remarquera ainsi qu’un grand nombre des inventaires d’artistes sont des collectes d’images, le foisonnement des photographies numériques partagées sur Internet devenant sans aucun doute une source d’approvisionnement intarissable pour les glaneurs de clichés.

L’objet n’est toutefois pas totalement disparu des collectes et ­collections que les artistes proposent de façon récurrente. Le numéro en fait foi et se présente en quelque sorte comme un cabinet de curiosités dans lequel on découvrira les traces et les archives de ces pratiques se situant parfois à la limite de l’obsession. Attitude contagieuse peut-être, je me suis prise au jeu de l’inventaire en répertoriant les collections de quelques collègues et amis de esse. On remarquera également qu’à ­nouveau, l’approche graphique de ce numéro est directement inspirée de la thématique et propose une grille méthodique que le lecteur prendra certainement plaisir à décortiquer.

Cet article parait également dans le numéro 71 - Inventaire
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