
Décolonisation des savoirs et puissance du devenir commun. Entretien avec Seloua Luste Boulbina
Sa foisonnante production théorique contribue ainsi à élucider la question postcoloniale sur les plans épistémologique et méthodologique par l’élaboration d’approches qui se déploient à partir de contextes précis (Le Singe de Kafka et autres propos sur la colonie, Sens Public, 2008 ; Les Arabes peuvent-ils parler ?, Payot, 2014 [2011] ; et L’Afrique et ses fantômes : Écrire l’après, Présence africaine, 2015).
De 2010 à 2016, Luste Boulbina a dirigé le programme « Décolonisation des savoirs » du Collège international de philosophie, à Paris, et a mis sur pied en 2016 un laboratoire expérimental, « Les artistes parlent aux philosophes », auquel j’ai eu la chance de participer. Ce laboratoire favorisait les rencontres entre artistes, philosophes et historiens de l’art « engagés dans des processus de décolonisation des imaginaires et des rationalités ». En fine continuité avec le mouvement singulier de sa pensée, son dernier ouvrage, Les miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs (arts, littérature, philosophie), paru en 2018 aux Presses du réel, cherche à mettre en lumière les processus de décolonisation qui travaillent à démonter la matrice coloniale du pouvoir en explorant les possibilités ouvertes par les arts, la littérature et la philosophie. C’est avec générosité qu’elle s’est prêtée à un entretien sur quelques-uns des enjeux qu’il problématise.
Mirna Boyadjian Dans la première partie de votre ouvrage, qui est consacrée à l’éloge de la désorientation, vous dites de la décolonisation des savoirs qu’elle est « un devenir enfant de l’esprit, une façon de perdre le monde et de trouver son propre monde ». Pouvez-vous m’en dire davantage sur les conditions d’émergence de ce devenir enfant ? À quoi travaille la décolonisation des savoirs ? Et comment les arts dans le contexte mondial actuel y participent-ils ?
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