The Dead Web
– The End

Kaysie Hawke
Coproduction du Musée Ludwig, Musée d’art contemporain, Budapest (Hongrie) et Molior, Montréal, du 24 janvier au 26 avril 2020
Julien Boily Memento Vastum, détail, 2012.
Photo : permission de l’artiste
Coproduction du Musée Ludwig, Musée d’art contemporain, Budapest (Hongrie) et Molior, Montréal, du 24 janvier au 26 avril 2020
Romain & Simon de Diesbach
[I], 2017.
Photo : © Dylan Perrenoud, permission des artistes
Issue d’une réflexion sur la disparition de l’Internet anticipée par certaines théories de l’information, l’exposition The Dead Web – The End réunit les projets d’artistes canadiens et internationaux autour des enjeux que soulève l’obsolescence prétendument inévitable de l’ère numérique. Cette quatrième itération, coproduite par Molior (Montréal) et le Musée Ludwig, Musée d’art contemporain (Budapest, Hongrie) est le fruit d’une collaboration entre les commissaires Nathalie Bachand et Béla Tamás Kónya. Incluant des projets résultant d’un appel de dossiers auprès d’artistes hongrois et d’œuvres provenant de la collection permanente du musée, l’exposition dépeint autant les vestiges et les ramifications d’un présent projeté dans un avenir post-Internet fictif, qu’une nostalgie pour ce futur encore à venir.

Memento Vastum (2012) de Julien Boily agit comme exergue à l’exposition, introduisant une temporalité disjointe. L’huile sur toile emprunte à l’esthétique et au symbolisme de la vanité du 17e siècle pour peindre un portrait austère de l’Homo technologicus. Boily nous confronte à la vacuité existentielle générée par l’obsession numérique en nous présentant l’arrière d’un crâne tronqué, baigné de la lueur bleuâtre d’un écran vide qu’il fixe. Méditation sur le sentiment de perte provoqué par l’avancée fulgurante de la technologie et notre dépendance à celle-ci, l’œuvre retentit comme une mise en garde de la ruine inéluctable de l’homme à l’ère du numérique. Ce sombre autoportrait sociétal se cristallise avec [I] (2017) de Romain & Simon de Diesbach où des iPhone abimés sont disposés en mosaïque. À la fois miroir et artéfact, cette myriade d’écrans désuets nous rappelle la thèse heideggérienne selon laquelle l’outil (p. ex. un marteau) ne se dévoile comme tel que lors d’un bris. Par leur inopérabilité, ils se révèlent les dépositaires d’un vécu individuel et social par les milliards d’interactions quotidiennes dont ils témoignent. Or, le choix délibéré d’iPhone renvoie également à l’hégémonie technologique et commerciale des GAFA. Le bris de l’objet expose le comportement désinvolte de ses utilisateurs tout comme la fragilité des structures de pouvoir responsables de la commercialisation du soi et de sa réduction à la simple donnée.

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Cet article parait également dans le numéro 100 - Futurité
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